"Je suis en terrasse", ou le retour du nationalisme ?
Bulletin : Revue du crieur 3 - février 2016
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10 p. / p. 50-59
Depuis les années 1990, la France entretient un rapport à nouveau passionné à son "identité nationale", comme en témoigne la montée en puissance du FN ou la multiplication des "intellectuels" réactionnaires, à gauche comme à droite. La question identitaire est redevenue centrale et a construit une nouvelle hégémonie, massive, à côté, voire contre le discours "républicain". Aux lendemains des massacres du 13 novembre à Paris, c'est une vague de réactions crypto-nationalistes d'un genre particulier qui a déferlé; Le "mode de vie" français - prétendument joyeux et festif, gentiment paillard et coquin, tolérant et cosmopolite - a servi d'étendard tricolore contre l'"agression puritaine" de Daech. Ce nationalisme culturaliste n'est pas aussi "innocent" qu'il en a l'air. Il fait partie du répertoire communément mobilisé depuisle XIXe siècle lorsque la "nation est en péril", et s'articule à des formes de chauvinisme plus explicitement agressives.