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Social-démocratie. L'Union européenne l'a tuée

Numéros de page :
pp.18-25
La famille socialdémocrate ou socialiste n’a pas à rougir de son histoire : depuis ses pionniers du XIXe siècle, elle aura apporté nombre d’avancées démocratiques et sociales. Mais cette histoire semble arrivée à son terme. Au sortir des conflits du premier XXe siècle, d’où elle a émergé comme principale force politique opposée aux totalitarismes, elle s’est investie dans la construction d’une unité européenne, projet antidote aux nationalismes meurtriers, et ambition d’un modèle social continental. Dès le départ, elle s’est associée aux forces démocrates-chrétiennes – le couple franco-allemand, « moteur de la construction » européenne, s’est souvent incarné dans des binômes gauche-droite (Schmidt- Giscard, Mitterrand-Kohl). Pour son malheur, l’heure où le projet d’unification s’est accéléré, après la chute du mur de Berlin et la faillite du modèle soviétique, a coïncidé avec les premiers coups de boutoir du néolibéralisme gouvernemental (Reagan, Thatcher). Et les socialistes sont tombés dans le piège : ils ont accepté d’unifier le marché avant le droit social, la monnaie avant la fiscalité. Abandonnées à leur sort, les classes populaires ont été vouées à se tourner vers l’extrême droite et ses boucs émissaires faciles, ou à sombrer dans l’abstention. Même si, ici et là, quelques figures (le Portugais Antonio Costa, l’Espagnol Pedro Sánchez, le Britannique Jeremy Corbyn) tentent une réanimation du grand malade social-démocrate, quand bien même un nouveau souffle socialiste se lève – paradoxe suprême – aux États-Unis, le patient semble en fin de vie, étouffé par ses renoncements face à une ambition pourtant noble : l’Europe. Sommaire. La tragédie grecque d'une famille politique. De compromis en compromissions. La fin du PS faute d'électeurs. Ces démocrates qui croient en l’Etat-providence.