Feutré, à la fois discret et délié, Philippe Faucon voit juste. · l'image de sa mise en scène, qui privilégie son récit et ses comédiens, souvent non professionnels. « Ma priorité, c'est l'interprète et sa rencontre avec le personnage », dit volontiers cet auteur, réalisateur, producteur atypique. · l'image de sa filmographie aussi, qui, depuis une quinzaine d'années, regarde la société française droit dans les yeux. « L'Amour », « Sabine », « Samio », « La Trahison », « Dans la vie », « La Désintégration » : ils sont peu nombreux les cinéastes qui, comme Philippe Faucon, abordent des thématiques aussi sensibles que la séropositivité d'une jeune fille, l'invisibilité de la classe ouvrière, l'immigration maghrébine en France, le racisme plus ou moins larvé ou la tentation du terrorisme. Cela sous forme de chroniques intimistes et dépouillées.Dans la foulée naturaliste de Maurice Pialat , avec davantage de douceur, Philippe Faucon voit clair et droit au tond. La preuve avec « Fatima », son nouvel opus, un beau portrait d'une femme de ménage marocaine qui se saigne les quatre veines pour offrir le meilleur avenir possible à ses deux filles nées en France... Raison de plus pour le rencontrer.