Formé à l'école de la publicité et du court métrage plutôt que par l'assistanat, Radu Muntean s'est élevé, en quinze ans de carrière, vers les cimes d'un cinéma naturaliste et intimiste d'une grande maîtrise, bien loin de ce que son premier titre, "Furia", pouvait laisser imaginer. La sélection de son dernier long métrage, "L'Étage du dessous", à Un certain regard (Cannes 2015) a entériné la reconnaissance critique de son apport au jeune cinéma roumain. · travers le personnage de Patrascu, témoin d'un meurtre, enfermé dans un mutisme coupable, Muntean semble continuer à interroger les frustrations et les peurs d'une société postcommuniste, difficilement remise des années Ceausescu. Si le cinéaste éprouve une certaine gêne à analyser les ressorts profonds de son oeuvre, riche de cinq films liés par une forte cohérence esthétique et thématique, il se refuse à se voir comme membre d'une supposée nouvelle vague locale, pour mieux cultiver son indépendance qui repose sur des amitiés fortes et un groupe immuable de fidèles collaborateurs.