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Des Familles si attachantes

Auteurs
Numéros de page :
pp.21-23
Nous avons quitté ces dernières années (ou avons été quittés par) "The Affair", "Homeland", "Le Bureau des légendes", "Ozark", "This Is Us"… chaque fois dans la douleur. Notre difficulté à nous en séparer révèle le phénomène d’attachement aux personnages de série que crée leur fréquentation. Personnages au pluriel car, la longueur des récits permettant la récurrence des personnages secondaires, il n’y a plus guère de séries à héros unique. Complexes, les causes de cet attachement ne relèvent pas de l’identification, de la connivence ou de l’admiration. Dans certaines séries, d’ailleurs, le statut des personnages change : dans "The Wire", le héros des trois premières saisons, Jimmy McNulty, disparaît quasiment de la saison 4. Et dans "Orange is the new black", Poussey, un personnage "secondaire", occupe à lui seul le centre de l’intrigue dans plusieurs épisodes. Des œuvres plus récentes remettent en cause notre attachement en tuant leurs personnages après leur avoir fait jouer un rôle essentiel : "Game of Thrones", "The Walking Dead"… Les séries qui comportent de nombreux personnages, comme "Game of Thrones", "The Walking Dead", Engrenages, présentent ces derniers comme les membres d’une même famille. Qu’elles soient familiales ou non, les relations qu’ils entretiennent nous sont de plus en plus familières. Cette familiarité confirme le schéma central des séries au long cours : celui de la famille, qui remplace l’individu ou le couple, héros du cinéma classique (western, policier, comédies romantiques).