Nicolas Desmarets et la prise de décision au conseil du roi
Bulletin : Revue historique 659 - juillet 2011
01 juillet 2011
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Numéros de page :
22 p. / p. 589-610
Le dernier contrôleur général du règne de Louis XIV Nicolas Desmarets est-il un ministre faible sans réel pouvoir politique au même titre que certains de ses prédécesseurs ou au contraire joue-t-il un rôle dans la prise de décision ? Cette question implique de s'intéresser d'abord aux raisons qui ont poussé le monarque à promouvoir cet homme longtemps disgracié. Au contraire de la plupart des ministres de la fin du règne nommé selon le goût du roi, le neveu de Colbert doit son retour en grâce à son expertise reconnue dans le domaine financier à un moment où l'Etat est au bord de la banqueroute. Cette réputation se consolide encore par la manière dont le nouveau contrôleur réorganise d'emblée son administration et conçoit l'exercice de sa charge. Elle est le fondement de son autorité au Conseil d'en haut à un moment où celui-ci redevient un organe de décision important. L'expertise de Desmarets y est alors fondamentale, car elle oblige le pouvoir à reformuler certaines propositions politiques et à les adapter aux possibilités financières réelles de l'Etat. En ce sens, notre homme incarne une forme de rationalité qui s'impose au roi au point que celui-ci le met en situation de valider ou non certains projets. Desmarets joue donc un rôle réel dans la prise de décision. Son cas montre que la ligne de partage entre administration et politique est plus poreuse que ne le laisse penser souvent l'opposition entre ces deux termes.