Le Temps du catholicisme tridentin s'achèverait-il ? Réflexions sur la "fin d'un monde"
Bulletin : Revue historique janvier 2021
01 janvier 2021
Numéros de page :
pp.207-222
Depuis plus d’un demi-siècle, les diagnostics posés sur l’avenir du catholicisme français sont des plus alarmants. Ils soulignent en particulier un abandon général de la pratique sacramentelle, de l’assistance régulière à la messe jusqu’à la confirmation et la confession. Parallèlement, s’observe un déclin du jeûne tandis que les processions n’attirent plus guère les fidèles. Certains analystes considèrent que « le catholicisme français est devenu une réalité festive », n’étant plus qu’un folklore du temps passé pour beaucoup de Français. De toutes parts, les pratiques liées à un catholicisme ordinaire et visible se sont effondrées. Une crise profonde s’est installée depuis les années 1960. Pour comprendre cette « crise catholique », il faut peut-être la replacer dans un temps plus long, celui du catholicisme tridentin. En effet, des historiens modernistes avaient émis l’hypothèse que l’éclatement des structures de chrétienté, observé dans le second XXe siècle, correspondait à la fin du « cycle tridentin ». La reprise de cette hypothèse peut aujourd’hui permettre d’offrir une clef de lecture très pertinente sur ce moment de crise du catholicisme contemporain. Le cas français n’est ici qu’un exemple d’un vaste processus de « déconfessionnalisation » à l’échelle européenne et occidentale, qui signifierait davantage un profond renouvellement du christianisme que son extinction.