La musique de Sebastian Durón, comme toutes celles écrites en Espagne durant le XVIIe et le XVIIIe, a souffert, injustement, de la comparaison avec les chefs-d'oeuvre du Siècle d'Or. C'est donc avec joie que nous redécouvrons ici l'un des plus grands musiciens espagnols qui fut non seulement organiste et compositeur de Charles II et de Marie-Anne de Neubourg, les derniers rois de la Maison de Habsbourg, et aussi maître de chapelle de Philippe V à l'avènement des Bourbons. La fidélité du compositeur à la cause de la maison d'Autriche durant la Guerre de succession d'Espagne provoqua son expulsion de la Chapelle royale et son bannissement en France en 1706. Coïncidant avec la commémoration du tricentenaire de la mort de Duron, cet album récupère un grand nombre de ses oeuvres religieuses en langue romane, pour la plupart à 8 voix. Nous révélons ici un compositeur qui perpétue la tradition hispanique du tono et du villancico en intégrant magistralement des éléments italiens pour créer une musique d'une expressivité extraordinaire. Voici donc une excellente opportunité de revendiquer l'oeuvre sacrée d'un musicien fascinant au service de deux dynasties. (Electre)

La cour de Bruxelles connut une splendeur culturelle extraordinaire grâce aux archiducs Albert et Isabelle Claire Eugénie, au début du XVIIe siècle, durant la période de paix et de prospérité qui régnait sur les Pays-Bas méridionaux appartenant aux Habsbourg espagnols. Les souverains, grands collectionneurs et mécènes d'artistes comme Brueghel de Velours ou Rubens, accrurent la magnificence de leur chapelle musicale grâce à l'excellence de nombreux musiciens venus d'Espagne, d'Italie et d'Angleterre. C'est dans ce contexte que brilla l'art du compositeur naturel de Saragosse Pedro Ruimonte, maître de la musique de la chambre des archiducs et auteur du Parnaso espanol (1614), oeuvre fondamentale dans l'histoire de la musique hispanique. Ce disque reconstruit le paysage sonore de la chapelle et de la chambre des archiducs, dont la variété de styles et de genres sont inspirés par un esprit innovateur. (Electre)

Le renom et l'influence de Cristóbal de Morales furent immenses à l'époque : plus de 70 éditions imprimées avant le début du XVIIe siècle recueillent certaines de ses compositions. L'oeuvre du musicien sévillan constituait non seulement l'essentiel du répertoire des églises et des cathédrales les plus importantes de l'Espagne et des Amériques jusqu'à la fin de l'?e Moderne, et a joui d'un prestige extraordinaire auprès des théoriciens et des historiens. Le nom de Morales, qui n'avait travaillé que durant de courtes périodes dans des cathédrales et des chapelles espagnoles, est toujours associé à la décennie passée à la chapelle pontificale de Paul III, de 1535 à 1545. ? Rome, notre musicien réalisa son activité de cantor aux côtés de prestigieux collègues ayant pour noms Costanzo Festa, Jacques Arcadelt ou Juan Escribano. Morales s'intéressa surtout aux textes du Carême, qui incluent les célébrations de Mercredi des Cendres et des Dimanches de Septuagésime, Sexagésime et Quinquagésime. En interprétant un ample choix de fabuleux motets pour ce temps liturgique, La Grande Chapelle rend hommage à l'un des plus grands compositeurs tous les temps. (Electre)