"Pour que j'apprenne à croire en leur Sauveur il faudrait que les chrétiens aient l'air plus sauvés", disait Nietzsche. Face à cette interpellation si juste, Jean Bastaire reprend, dans les domaines essentiels de la vie actuelle (argent, sexualité, institutions, écologie), ce qui caractérise le chrétien. Si la foi chrétienne s'estompe et se dilue dans l'esprit du siècle actuel, au point de n'en plus paraître qu'un élément respectable, ce n'est pas d'elle qu'il s'agit. Le chrétien se nourrit d'un fait qui, depuis deux mille ans, ne cesse de renverser, retourner, convertir comme lui d'innombrables personnes à travers de multiples cultures. Etre chrétien consiste à s'insurger pour créer en soi et autour de soi une vie autre. L'insurgé pascal ne veut pas changer la vie, mais changer de vie, passer d'une vie à une autre de même nature, de même substance, mais d'une orientation radicalement différente. Ainsi, le chrétien peut avoir "l'air plus sauvé".

On a pu écrire (Max Weber, Marcel Gauchet) que le christianisme est la religion de la sortie de la religion. La foi religieuse obligerait à être non religieux, séculariste, à voir le monde dans sa seule horizontalité Et peut-être même à devenir athée ! Auquel cas, s'expliquerait facilement la situation actuelle de l'Europe occidentale où l'on vit comme si Dieu n'existait pas (Bonhoeffer). Mais la sécularisation est-elle irréversible ? Pour échapper à cette situation, il conviendrait de considérer le christianisme dans toute son ampleur, hauteur, largeur et profondeur (Éph 3,18), dans tout son génie (Chateaubriand). Inspiré par Henri de Lubac ou Hans Urs von Balthasar, l'auteur montre comment le christianisme - né dans un contexte où foisonnaient les religions païennes - peut convaincre et rassasier la soif des hommes insatisfaits du vide.