Le président Michel Temer, qui fait face à des accusations de corruption, pourrait ne pas réussir à achever son mandat. Mais d'ici l'élection présidentielle de 2018, les Brésiliens devront continuer de vivre dans l'incertitude, dans un pays au bord de la rupture institutionnelle, déplore ce sociologue. Aussi, retour sur les événements depuis mai 2016, date de l'ouverture du procès de Dilma Roussef.

L'épicentre de la crise financière s'est transporté de Moscou à Brasilia. Et pourtant le pays n'a jamais autant progressé depuis quatre ans. Et pourtant il vient de réélire triomphalement son président. Paradoxe ? Non, cas d'école sur les pièges de la mondialisation.

L'élection de l'ex-leader syndical marque une rupture dans l'histoire politique du Brésil.

Des fonctionnaires en grève, une politique économique d'inspiration libérale... Le nouveau président Lula a changé de catéchisme. Cet ex-métallo sans diplômes s'est converti à la rigueur budgétaire et à la lutte contre l'inflation. Le pays est au pain sec. Et pourtant Lula demeure populaire. Reportage et entretien sans tabou avec le ministre de l'Economie.

Paysan esclave dans une fazenda de l'Etat de Para, Roberto Maciel dos Santos a réussi à s'enfuir et à informer les autorités des méthodes brutales utilisées dans la région par les éleveurs et les propriétaires terriens. Notre envoyé spécial Laurent Bijard, qui a accompagné les policiers fédéraux lors de leur opération au domaine Valme da Serra où travaillait Roberto, raconte une libération qui se termine mal...

Lula l'avait promis : la guerre contre la faim serait la priorité de son mandat. Vitrine de l'expérience Lula, le village de Guaribas a découvert l'eau potable, la santé et l'aide financière aux plus pauvres.

Plusieurs proches collaborateurs et amis personnels du président brésilien ont été contraints à la démission en raison de leur implication dans des affaires de corruption. Pour l'instant Lula n'est pas menacé mais son image se ternit et son électorat le lâche...

En dépit des scandales, de la persistance des inégalités, d'une croissance faible et de réformes en panne, Luiz Inacio da Silva a de fortes chances d'être réélu président du Brésil. Car grâce aux aides aux plus pauvres, à l'augmentation du salaire minimum et à la progression des revenus, Lula reste populaire dans toutes les couches sociales... sauf chez les très riches.

Deux ans après l'arrivée au pouvoir du président Luiz Ignacio "Lula" da Silva, la politique monétariste du gouvernement en a fait la coqueluche des milieux financiers, mais 58 millions de Brésiliens vivent toujours avec moins d'un dollar par jour. Effet boomerang, les élections municipales d'octobre-novembre 2004 ont donné lieu à des résultats mitigés pour le parti des travailleurs, et deux partis, du centre et du centre gauche quittent la coalition au pouvoir.

Le 22 avril 1500, Pedro Alvares Cabral, qui croyait cingler avec ses douze caravellers vers Calicut, la cité des épices, sur le côte occidentale de l'Inde, se retrouve, poussé par les courants équatoriaux et les alizés du sud-est, de l'autre côté de l'océan Atlantique, face à une plage de sable blanc bordée par la forêt tropicale.

″Là où le Brésil va, l'Amérique latine ira″, avait annoncé le président américain Richard Nixon, en 1971. Le décollage économique du pays au cours des années 2000 a transformé l'hypothèse en évidence. Mais le ″miracle″ brésilien ne nous éclaire-t-il pas, aussi, sur les limites des processus politiques en cours en Amérique latine ?

Corruption, contexte économique défavorable, popularité en berne... Confrontée à de multiples difficultés, la présidente brésilienne Dilma Rousseff aurait pu choisir l'audace. Elle a préféré céder aux exigences de la finance.