Il y a quarante ans, le 9 septembre 1976, le Grand Timonier mourait. 2016 marque aussi le 50e anniversaire de la Révolution culturelle, qui entraîna destructions et souffrances. Mao continue pourtant de jouir d'une indulgence certaine. Sommaire. L'historien Frank Dikötter dresse le vrai bilan d'un dictateur responsable d'au moins 50 millions de morts. L'indétrônable Timonier. Les cannibales de la révolution. Comment avons-nous pu être Maoïstes ?

L'historien chinois et ancien garde rouge a dirigé une enquête sans précédent sur la face cachée de la Révolution culturelle et révèle l'ampleur des massacres.

Il faudra des années pour mesurer la catastrophe que constitua pour la Chine la « grande révolution culturelle prolétarienne », opération lancée par Mao Zedong pour reprendre le pouvoir. A l'époque, pourtant, le soulèvement des jeunes gardes rouges contre un Parti communiste bureaucratique fascine de nombreux intellectuels européens.

Emblème du maoïsme, la veste Mao devient l'uniforme des gardes rouges lors de la Révolution culturelle. Importée en France, elle est annexée par les militants prochinois, par les intellectuels parisiens de Tel Quel ou par les membres de la jet set internationalisée. Le costume aux lignes austères et épurées se métamorphose alors en symbole de distinction révolutionnaire et d'élitisme ostentatoire. Dépossédée de son ancrage idéologique, elle s'intègre au vestiaire occidental et nourrit l'imagination des créateurs les plus novateurs.

Quand, le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la République populaire de Chine, le pays est exsangue. Soixante ans plus tard, après bien des soubresauts et malgré les crimes d'Etat, la Chine occupe de devant de la scène économique mondiale. La pauvreté demeure mais la famine a disparu, les inégalités sont béantes mais 90% des Chinois savent lire et écrire...

La Révolution culturelle chinoise lança, chez les intellectuels français, la grande mode maoïste. Deux historiens apportent des éléments décisifs sur cet épisode encore très controversé.

De 1 à 3 millions de morts, selon les historiens. Vingt millions, selon le maréchal Ye Jianying. Le bilan de la Révolution culturelle (1966-1976) est controversé. Quant aux responsabilités, tout a été fait pour en exonérer Mao. Il faut mener des recherches sur ce sujet, car l'oubli est porteur de dangers pour la Chine, avertit l'historien Ma Yong sur le site hongkongais "Fenghuang Wang". Le culte de la personnalité était et reste inscrit dans le système chinois, corrobore dans un blog l'écrivain Cao Xishun, prudente allusion à Xi Jinping.