Les Etats-Unis vont-ils lancer la première guerre sans provocation directe de leur histoire ? Fort de ses convictions religieuses, habité par la vision d'un monde opposant le Bien et le Mal, guidé par des conseillers conservateurs qui croient à la démocratisation par les bombes, le président américain est si sûr de son droit qu'il n'entend ni les critiques ni les mises en garde.

Dans la capitale irakienne, se protéger, survivre est devenu une obsession, a constaté notre envoyé spécial Jean-Paul Mari. Mais où aller ? Alors pourquoi ne pas rester chez soi après avoir accumulé des provisions et creusé un puits en espérant échapper au pire.

Les Etats-Unis sont déterminés à aller au bout de leur projet de "remodelage" du Moyen-Orient. Après l'Irak, la Syrie aujourd'hui, demain sans doute l'Arabie Saoudite vont devoir se plier aux injonctions de Washington. Personne n'aura intérêt à stationner sur la nouvelle autoroute, élargie chaque jour, de l'"axe du Mal".

Depuis 20 ans, les interventions militaires internationales, leur nature, les cadres de leur décision ont fortement évolué. L'ingérence humanitaire se déploie au sein d'Etats en décomposition et se propose de rétablir la loi et l'ordre.

Combien de résolutions, pourtant votées par le Conseil de sécurité des Nations unies, sont-elles restées lettre morte ? Trente-cinq ans après l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza, les Palestiniens subissent le joug de l'armée israélienne, et leur droit à édifier un Etat demeure méconnu.

De Londres à Florence, d'importantes manifestations ont traduit le rejet par les opinions publiques européennes d'une guerre contre l'Irak.

Tandis que la réélection de M. Ariel Sharon obscurcit les perspectives de paix au Proche-Orient, l'administration Bush et la petite clique de ses conseillers "faucons" restent inébranlables dans leur détermination à faire la guerre.