Dans le Maghreb des années 1920, Européens et autochtones cohabitent dans une harmonie fallacieuse, jusqu'à l'arrivée d'une équipe de cinéma américaine. Porté par une écriture souveraine, un vrai-faux album sépia cultivant non pas la nostalgie mais la lucidité.

La question n'est pas de savoir si nous devons lire Hédi Kaddour, mais quel ouvrage avant l'autre. De quelque objet qu'il s'agisse, nous le saisirons vivement, pour le reposer, quelques heures plus tard, avec lenteur. L'éloignant de nous, à regret. Nous l'avons gardé quelques instants dans la main, pour lui signifier la caresse qui par lui nous a emportés.

« L'homme ne vit pas seulement sa vie personnelle comme individu, mais consciemment ou inconsciemment il participe aussi à celle de son époque et de ses contemporains », rappelle judicieusement Thomas Mann : c'est ce que met en pratique de la façon la plus concertée, la plus élaborée, Hédi Kaddour, avec "Les Prépondérants", son troisième roman.