Personne ne peut échapper aux pressantes questions du Christ : à ces questions les philosophes, même incroyants, ne se sont pas dérobés ; car le Christ, depuis son apparition, n'a cessé de hanter l'humanité.

A l'aube d'un millénaire qui s'inquiète des chances d'un nouvel universalisme, il importe de se tourner vers une oeuvre qui prétend articuler le sens grec de la médiation et ce qu'il y a, dans la foi chrétienne, de plus irréductible à une lecture philosophique : l'incarnation, la Passion et la Croix.

Depuis 1923, au moment où la "Revue de Métaphysique" publie un article du Danois Höffding, "Pascal et Kierkegaard", cette parenté n'a jamais cessé d'attiser la sagacité des philosophes.

Nul doute que la sensibilité écologique marque notre époque. Comment ne pas s'interroger sur notre rapport avec le monde non humain, animal, végétal, terrestre, cosmique ? La réflexion chrétienne peut d'autant moins rester étrangère à cette interrogation qu'une certaine lecture du récit biblique de la création se tient à l'arrière-plan de l'aventure scientifico-technique moderne.

Lorsqu'un évêque de Rome choisit pour la première fois de s'appeler François, cela provoque une interrogation singulière. Sa puissance évocatoire est retentissante lorsqu'il s'agit de François d'Assise. Elle dit aussi bien les fissures d'une Eglise en ruines que la vocation reçue de la reconstruire. Mieux encore, le nom de François évoque qu'il ne s'agit pas simplement d'agir pour les pauvres en vue de les réintégrer au coeur de la vie sociale, mais de se laisser évangéliser à partir d'eux.

Denis Moreau vient de publier au Seuil "Comment peut-on être catholique ?", dans lequel il explique comment on peut être à la fois philosophe, spécialiste de Descartes et "pleinement chrétien", mais "avec modération" ...

Qu'il existe des philosophes chrétiens, ou catholiques, est une évidence et n'a rien de surprenant - l'on peut rappeler que, dans l'iconographie des premières siècles du christianisme, le Christ est parfois figuré avec les attributs des "philosophes" : : vêtu du pallium, la main droite tenant un parchemin, à ses pieds une boîte contenant des rouleaux, entouré de ses élèves. Des catholiques sont footballeurs, et ce sont des footballeurs catholiques. Des catholiques pratiquent la plomberie, et ce sont des plombiers catholiques. De même, des catholiques s'adonnent à la philosophie.