L'élection de Donald Trump révèle une société américaine de plus en plus polarisée. Plus que la victoire du camp conservateur, il s'agit de la défaite politique d'Hillary Clinton. Les générations montantes, ethniquement plus diversifiées, laissent pressentir une sensible évolution de la politique américaine dans les prochaines années.

Le 8 novembre 2016, les Américains n'étaient pas seulement appelés à élire leur nouveau président. La tradition veut qu'ils exercent ce jour-là leur droit de vote sur un nombre incalculable de fonctions (membres du Congrès, gouverneurs, juges, shérifs...) et de sujets. Une grande partie d'entre eux a donc participé à l'un des 162 référendums organisés cette année dans 35 Etats.

Ainsi a-t-il été élu à la Maison Blanche sans que personne ne l'ait vu venir. A peine comptabilisé dans les sondages au début des primaires, il n'a pourtant cessé vingt mois durant d'attirer les foules. C'est cette campagne à nulle autre pareille que notre correspondant à Washington a voulu ausculter en rouvrant ses carnets. Pour comprendre comment Donald Trump a réussi à s'imposer dans l'esprit des gens. Malgré les provocations, l'improvisation et les dérapages.

Ils sont enseignants, artistes, avocats ou journalistes... Après le traumatisme - parfois le déni - de la victoire de Donald Trump, l'intelligentsia proche des démocrates fait aujourd'hui son mea culpa. Et s'interroge sur son aveuglement vis-à-vis d'une Amérique défavorisée qu'elle côtoie si peu. Alors que le nouveau président, investi à la Maison Blanche le 20 janvier 2017, multiplie les agressions verbales et les déclarations chocs, chacun tente à sa manière de surmonter son angoisse.

Nombreux sont les analystes à avoir diagnostiqué une droitisation de l'opinion au cours de ces dernières années. François Miquet-Marty et Rafael Guillermo Lopez Juarez passent en revue les données disponibles à l'appui de ce jugement.

Pascal Ory examine les signes qui ont accrédité l'idée d'une « droitisation » de l'opinion depuis les années 1970.

Le brouillage des frontières traditionnelles entre les familles politiques joue un rôle non négligeable dans le trouble actuel des démocraties. A quoi bon voter si, comme paraît le penser un nombre croissant de citoyens, les candidats en présence sont peu ou prou « tous les mêmes » - et, de surcroît, loin des préoccupations de leurs électeurs ? Mais qu'en est-il exactement ? Marcel Gauchet revient sur les raisons de cette confusion apparente des repères.

En 2015 et 2016, Koen Damhuis, jeune sociologue néérlandais, a sillonné les Pays-Bas en train à la recherche d'électeurs du PVV prêts à livrer longuement le fond de leur pensée. Un an plus tard, alors qu'il mène la même expérience en France sur le FN, il y voit plus clair sur le profil des électeurs de droite radicale. Ceux qui se sentent coincés entre "les élites" et "les immigrés".

Depuis la fin des années 580, de plus en plus de Français esquivent le processus démocratique. Cécile Braconnier et Jean-Yves Dormagen ont analysé les lois sociologiques qui mènent à l'abstention.

On se jette sur les sondages, mais les instituts qui nous les livrent n'ont jamais eu aussi mauvaise presse. Principale critique : ils se trompent tout le temps. ″C'est parce que nos sondages sont mal utilisés ″, se défendent-ils.

Le score de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle sonne comme une alarme pour François Hollande. Qui concentre sa réponse sur le terrain social.

A l'épreuve du pouvoir, certains partis politiques ont policé leur discours, en l'expurgeant des saillies les plus racistes. S'ils agrémentent leur programme d'un volet social pour conquérir de nouveaux électeurs, ils ne renoncent pas à leur fonds de commerce : nationalisme exacerbé et références ethniques.