Le Mythe de l'obéissance de la Moselle napoléonienne, 1811-1814
Bulletin : Revue historique 662 - avril 2012
01 avril 2012
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Numéros de page :
23 p. / p. 421-443
Si l'obéissance caractérisant la Moselle napoléonienne est un mythe sans fondement, c'est que de 1810 à 1814 la Lorraine allemande, région généralement connue comme l'une des plus soumises du Grand Empire, apparaît de plus en plus dissidente. Tous les ingrédients de la sédition sont réunis : résistance aux mesures d'un pouvoir discrédité, opposition à ses agents, révoltes populaires, contrebande et fraude galopantes, recours croissant à la violence. Jusque-là, le département de la Moselle était pourtant connu pour être, tout à la fois, soumis, obéissant, légaliste et fidèle : l'esprit des Mosellans était présenté comme ″excellent″, aussi bien par les administrateurs napoléoniens que par les historiens qui ont suivi. Depuis sa prise de fonction en 1805, le préfet de la Moselle, Viénot de Vaublanc, ne cessait d'assurer le pouvoir central de la docilité de son département et répondait même de la fidélité de ses administrés. Dans cette démonstration qui tendra à prouver que l'obéissance du département de la Moselle tient bien plus du mythe que de la réalité historique, la Lorraine allemande sera notre unique champ d'investigation. La dissidence de cette dernière, de 1811 à 1814, nous portera à remettre en question certains mythes particulièrement tenaces dans une région frontalière sarro-mosellane où la légende exerce, aujourd'hui encore, un certain empire.