Un numéro publié à l'occasion de l'exposition du Grand Palais à Paris consacrée aux collections du Musée de Taïpey, "Mémoires d'Empire" (25 octobre 1998-25 janvier 1999). "Montrer" l'art de la Chine en quelques pages est évidement un défi. Mais il est temps, aux heures des échanges cosmiques, d'approcher une civilisation qui fait rêver les Occidentaux depuis Marco Polo. Même si les communications ouvrent les continents, les esprits restent dans leurs terres. Il en faut plus pour comprendre d'autres façons de penser. Il faut contempler pour mieux savourer, il faut apprendre pour mieux comprendre. Il faut l'art, qui peut être langage universel. Pour nous Occidentaux, la civilisation chinoise s'auréole toujours de l'infini du temps et de l'immensité de l'espace. Son art a une très longue histoire et, surtout, il n'est en aucune façon perçu comme une "représentation". Il s'est abreuvé à des sources religieuses et à des courants philosophiques et il a donné la primauté à la peinture, qui elle-même s'est nourrie de la calligraphie. Réservé à une élite intellectuelle et royale qui l'a promu, suscité et conservé, l'art a toujours été d'essence sacrée. Il prend part à la création elle-même, il est méditation, spiritualité, vision intérieure. Nous avons galopé dans les bestiaires fantastiques des contes millénaires, contemplé les portraits au fil des siècles et vogué dans les paysages, véritables âmes des artistes. Nous avons été éblouis et émerveillés.