Deux chroniqueurs judiciaires français relatent les audiences qui les ont le plus marqués. Devant les tribunaux se croisent des personnalités, des hommes politiques, des amants naïfs ou encore des tueurs en série, des femmes éplorées et des milliardaires. Prix littéraire ESJ Paris-Maison Blanche 2018. ©Electre 2020

Deux chroniqueurs judiciaires français relatent les audiences qui les ont le plus marqués. Devant les tribunaux se croisent des personnalités, des hommes politiques, des amants naïfs ou encore des tueurs en série, des femmes éplorées et des milliardaires. ©Electre 2018

Pendant vingt ans, Sylvia et Etienne sillonnent les routes de France pour répandre leur message, prétendant être investis d'une mission divine et soutenus par un réseau financier et politique aux ramifications planétaires. Dans chaque ville, ils répètent leur rituel, Sylvia déclamant ses fulgurances. Une nuit, dans un village du Sud-Ouest, ils commettent un crime. Roman inspiré d'un fait-divers. ©Electre 2021

On les prenait pour des doux dingues. Elle e´tait Sa Majeste´. Il e´tait le roi d'Australie. Ils se disaient investis d'une mission divine et se livraient a` d'e´tranges ce´re´monies. La reine et son bouffon se de´plac¸aient en auto-stop, avec un chat en laisse. Leur errance, d'une de´partementale a` l'autre, a dure´ vingt ans. Jusqu'a` ce que le roi d'Australie croise, dans un bourg, un petit garc¸on sur son ve´lo rouge. Le fait divers a mis l'opinion publique en e´moi et les politiques s'en sont me^le´s. Apre`s le proce`s, l'un des plus marquants auquel il ait assiste´, Ste´phane Durand-Souffland s'est plonge´ dans le dossier. Il a reconstitue´ toute l'histoire. Un roman noir haletant, e´crit au plus pre`s du re´el, qui interroge la Justice, son pouvoir et ses limites.

Grand avocat d'assises, Eric Dupond-Moretti a obtenu plus de cent acquittements. Il s'interroge sur l'absence de la notion d'humanité dans le serment des magistrats, alors qu'elle figure dans celui des avocats. Il n'est pas contre l'Etat, mais il est révolté par le fonctionnement de la justice.

Le 27 février 2000, Suzanne Viguier disparaît à Toulouse. Les soupçons de la police se portent rapidement sur son mari, professeur agrégé de droit public. Celui-ci sera acquitté à deux reprises par des cours dassises, en 2009 et 2010.En réalité, Jacques Viguier a été jugé non tant pour les faits qui lui étaient reprochés quen fonction de sa personnalité fantasmée par les protagonistes de laffaire, notamment le commissaire de police et lamant de sa femme. Sa conduite totalement erratique, on pense, entre autres, au matelas de Suzanne quil va jeter le 8 mars 2000 sans raison apparente, son obstination à ne jamais fournir ce quon attend de lui pour prouver son innocence, en font un personnage extrêmement intriguant. Brillantissime face à ses étudiants, il se révèle terne, voire nul, dans la vie quotidienne. Lamant et le policier sont également des personnages riches, en ce sens que lun et lautre veulent avoir le dessus, coûte que coûte, face au brillant universitaire, comme sils étaient obsédés par un complexe dinfériorité sociale. Enfin, le mystère perdure sur le destin de Suzanne Viguier. Une autre affaire offre un écho troublant : en 1946, la grand-mère de Suzanne Viguier a été assassinée. Son mari a été accusé du crime. Il a été incarcéré avant de bénéficier dun non-lieu (pas de procès, donc). Un matelas figurait aussi parmi les pièces à conviction.

Grand avocat d'assises, E. Dupond-Moretti a obtenu plus de cent acquittements. Il s'interroge sur l'absence de la notion d'humanité dans le serment des magistrats, alors qu'elle figure dans celui des avocats. Il n'est pas contre l'Etat, mais il est révolté par le fonctionnement de la justice.