"Music is my mistress", aimait à dire sans doute le plus fécond des compositeurs américains, Duke Ellington. Et les témoignages éclatants de cette liaison inaltérable de plus de cinquante ans ne manquent pas, que ce soit sous forme de musique composée ou de musique interprétée par le maestro et sa superbe phalange au studio ou sur la scène. Ellington, qui avait un flair - ou plutôt une oreille - infaillible pour débusquer le musicien qui allait le mieux servir sa musique. Il avait aussi ce don unique de favoriser son épanouissement, voire de susciter son talent. Au fil des années, l'agrégation ducale aura servi d'incubateur et de révélateur à un nombre imposant de solistes, pour lesquels l'attachement du leader était tel qu'il alla jusqu'à leur concocter des "mini-concertos" pour les mettre en valeur. C'est un florilège de ces petits chefs-d'oeuvre méconnus, pour la plupart captés hors des studios officiels au cours des années trente, quarante et cinquante, que nous nous sommes attachés à présenter ici.

Si l'oeuvre de Duke Ellington vous est familière, vous êtes accoutumé, peut-être sans le savoir, à celle de Billy Strayhorn. Engagé en 1939 par Ellington, Billy, pianiste et compositeur admirateur du Maestro, devint très vite son collaborateur indispensable, auteur de l'indicatif de l'orchestre, Take The "A" Train, et de centaines d'oeuvres et d'arrangements qui épousaient parfaitement les couleurs du monde musical ellingtonien.