Exilé de France, expulsé de Belgique puis de Jersey, Victor Hugo arrive à Guernesey le 31 octobre 1855. Quelques mois plus tard, pour la première et unique fois de sa vie, il devient propriétaire d'une maison sur les hauteurs de l'île anglo-normande, face à l'océan : Hauteville House. Août 1872 vit le retour de Hugo à Guernesey ; il y resta un an, le temps de rédiger Quatrevingt-treize. À partir des notes qu'il consigna cette année-là dans ses carnets, Chantal Brière nous laisse entendre, sous la forme d'un journal intime, la voix du grand-père comblé autant que celle de l'homme marqué par les épreuves et les deuils ; elle nous fait partager, entre ombre et lumière, les souvenirs de l'habitant des lieux, sa vie quotidienne et nous rappelle sa fidélité aux combats qui hantent son esprit et dont portent trace les murs de sa maison.

Frédéric Martinez est docteur ès lettres et se consacre à la littérature. Portraitiste plutôt que biographe, il aime brouiller les frontières et les genres. Parmi ses nombreuses publications, on citera : Maurice Denis, Les couleurs du ciel (2007), Prends garde à la douceur des choses, Paul-Jean Toulet, une vie en morceaux (2008), Claude Monet, Une vie au fil de l'eau (2009), Franz Liszt (2011), Maupassant (2012), Petit éloge des vacances (2013).

Sylvie Giono, fille cadette de Jean Giono a consacré sa vie à faire vivre l'oeuvre de son père de diverses façons et notamment en créant les « Rencontres Giono » qui se tiennent tous les ans en juillet à Manosque. Elle a vécu une grande partie de sa vie au Paraïs qu'elle a souhaité « laisser dans son jus » pour le faire découvrir aux visiteurs. Elle est co-auteur avec sa soeur Aline de Mon père et Le Goût du bonheur. La Provence gourmande de Jean Giono.

Né et mort à Paris, Marcel Proust a vu son nom attaché à la petite ville d'Illiers, rebaptisée, à l'occasion du centenaire de sa naissance, Illiers-Combray. Le tout jeune Proust a passé à Illiers, ville natale de son père, une partie de ses vacances jusqu'à l'âge de 9 ans. Il s'est toujours refusé à retourner sur ces lieux dont le souvenir était resté attaché à l'enfance. Il les réinvente dans le bourg imaginaire de Combray, si présent dans À la Recherche du temps perdu. En reconnaissant Illiers dans Combray, en mariant ces deux noms par un trait d'union, les admirateurs de la Recherche ont inventé un pèlerinage littéraire sans équivalent. On ne vient pas à Illiers-Combray pour visiter une maison d'écrivain, le lieu où s'est écrite l'oeuvre de Proust, mais pour reconnaître dans le monde réel les lieux de la fiction, celle de Du côté de chez Swann. Pousser les portes de «la maison de tante Léonie», comme y invite ce livre, c'est pénétrer sur la scène d'un théâtre de mémoire, une scène où se joue le mystère des origines ; c'est participer à «l'éclosion du monde». Christophe Pradeau, avec poésie et perspicacité, nous convie à une visite quasi «proustienne» de la maison de tante Léonie.