Cet ouvrage dresse un état des lieux des sociétés concernées par une forte élévation du niveau de vie, sous l'égide de la terrible prémonition de René Char_: « Étrange faillite que celle de notre civilisation qui naufrage à l'instant de son triomphe. » De l'ensauvagement au discrédit démocratique, de la nostalgie de la croyance à la crise des États-nations, de la fin de l'hospitalité à la société du mépris, de la propagande de masse au « jouir-à-tout-prix », cet essai procède à une mise en dialogue d'écrivains, de philosophes et de spécialistes des sciences sociales en écho avec leurs aînés : Arendt, Camus, Ellul, Valéry, Husserl ou Tolstoï. Dans l'espoir qu'advienne, selon les mots de René Char, « l'homme à tête de nouveau-né ».

Cet ouvrage traite en un premier temps des racines, exils et périls par la (re)lecture d'essais qui ont accompagné la période des décolonisations, en empruntant les voies ouvertes par Albert Memmi, Frantz Fanon et Édouard Glissant pour éclairer la compréhension de ce que nous vivons aujourd'hui. La seconde partie intitulée Cocacolonisation étend les questions de déracinements et d'exils aux effets engendrés sur nos esprits par le mode de vie occidental inauguré dans les Trente glorieuses. L'avènement de la consommation de masse, de la société de l'entertainment et du despotisme de la vitesse semble lui aussi compromettre notre capacité à maintenir le sens de nos communautés humaines. Enfin, la confrontation des mémoires et contre-mémoires devrait ouvrir un avenir réparateur.