L'histoire d'Héloïse et Abélard fait figure de mythe : celui d'une jeune fille à peine nubile, qui doit affronter le scandale d'être enceinte. Malgré son démenti, tout se passe comme si son précepteur en est responsable. En dépit de toutes les pressions, Héloïse nie et refuse le mariage. Elle ne veut être que l'amie d'Abélard. Ni épouse, ni mère ! Par solidarité, nombre d'ecclésiastiques ont fait l'impossible pour ancrer dans la mémoire occidentale qu'il s'est agi d'une infâme romance morganatique. Aidés par les bons auteurs, ils escamotent la très curieuse grossesse. Jusqu'à aujourd'hui où des affabulateurs britanniques cherchent à saboter cette histoire. Pour discerner le vrai du faux-semblant des ragots spéculatifs colportés à leur sujet, Roland Oberson a d'abord retraduit leur Correspondance. Il cherche ici à articuler les messages - souvent clandestins - distribués dans toutes les Lettres qui pourraient bien leur être attribuées. Cette affaire bouleversante, qui arrache des larmes aux yeux les plus secs, l'auteur la retrace sous un jour fort nouveau. Il lève le voile sur l'origine du désastre de l'amour physique. Il montre comment finalement l'écolière est sauvée par son précepteur, un laïc armé des ruses du véritable amour.

L'auteur a publié plusieurs ouvrages sur le même sujet, approfondissant chaque fois les tenants et aboutissants de cette lamentable affaire, un vrai massacre de l'amour. Il fouille les archives, écoute confrères, historiens et littérateurs, tous gens respectables dont les interprétations affermissent ses hypothèses. Rien n'est venu confirmer qu'elles soient moins plausibles que d'autres. Le lecteur jugera si elles ne le sont pas davantage.