Inventer un texte en jouant avec la première syllabe des mots, en respectant les règles de l'Oulipo et voilà deux pièces à lire, à dire ou à jouer.

Atteindre la ligne d'horizon ou décrocher la lune ressort de la même utopie ; et quel enfant, espérant un jour repousser les limites du monde, n'a été tenté par cette chimère? Le caractère lointain et inaccessible du voyage stimule d'autant plus son imagination qu'il est invité à franchir une frontière, matérialisée par une ligne de séparation entre le ciel et la terre ; or qui dit ligne dans l'espace dit trait sur la page où le dessin se livre à un numéro de funambule au-dessous ou au-dessus, en-delà ou en-deçà, en équilibre, perché ou suspendu autour d'un axe qui au fil des pages maintient le cap. La description des opérations concrètes qui préparent à son franchissement, l'excitation dont s'accompagne cette étape, l'énumération des péripéties qui peuvent surgir durant l'aventure, servent ainsi de prétexte à un exercice de style autant verbal que graphique. L'intelligence consiste à savoir adopter un dessin dont le trait elliptique rappelle à la fois l'esthétique dépouillée d'Olivier Douzou et l'esprit malicieux des Shadoks? La palette des couleurs, en jouant sur les valeurs, sur les dégradés ou les oppositions, orchestre une petite fugue visuelle - avace variations - dont le rythme tantôt suit, tantôt précède le texte. Un texte qu'on lira, aux petits à haute voix en plein jour ou au vif de la nuit ; que les grands égrèneront, les lèvres collées contre une vitre mouillée et que les adultes réciteront dans le vent. Se promener sur la ligne d'horizon c'est baigner dans le bonheur ; voilà donc un livre qui, sous un petit air modeste, comble de bonheur le lecteur, quel que soit son âge. L'adaptation du sujet et du graphisme à l'agréable format. (Revue des livres pour enfants).