Deux violes de gambe, deux solistes inspirées et complices, deux compositeurs majeurs du siècle de Louis XIV : Marais et Sainte Colombe. Quoi de plus sensuellement français ? Quand Sainte Colombe publie ses Concerts à deux violes esgales, il fait chanter ensemble deux voix quasi humaines dont les plaintes sont presque religieuses, et touche au coeur par sa poésie et sa perfection. Son disciple Marin Marais saura trouver de nouvelles couleurs dans ses duos de violes, et un discours plus dramatique : l'automne de la vie du Grand Roi fut baigné de ces musiques somptueuses, si liées à l'esprit de la Cour de France. Pour redonner vie à ce Versailles intime, Mathilde Vialle et Myriam Rignol nous emportent dans les mystérieuses harmonies de deux violes esgales... jusqu'aux fameux Couplets de Folies !

Les Suites de Bach seraient-elles son portrait le plus français ? Composées en Allemagne vers 1720 à la Cour de Cöthen, comme les Concertos Brandebourgeois, pour un Prince francophile et gambiste, elles trouvent dans la vision et l'incarnation vibrante de Myriam Rignol une évidence à la française, transcendées par la viole de gambe! Quand un talent d'exception rencontre l'instrument qui fait chanter Bach dans Versailles, lui redonne le rythme des danses si chères à Louis, dans une polyphonie à nulle autre pareille, Jean- Sébastien rayonne dans le Palais du Roi Soleil...

Un soir de janvier 1713, la nuit approche... En ce crépuscule du règne de Louis XIV, et à l'issue de son Grand Coucher, le Roi se trouve enfin dégagé des mondanités. Il appelle alors à lui les musiciens de sa Chambre, les plus talentueux du royaume. Ces "petits Concerts qui se faisaient le soir devant Sa Majesté" font entendre ce que le Grand Roi préfère, tout le répertoire qu'il a pu adorer et même danser. Voici le Sommeil d'Atys de Lully, les Sombres Déserts de Lambert, la Mutine de Visée, la Grande Pièce Royale de Lalande, une Gigue de Marais, une Plainte de La Barre. Thibaut Roussel a réuni autour de lui la fine fleur des interprètes du répertoire baroque français pour nous donner, comme en un rêve encore éveillé, la musique intime de ce Coucher du Roi. "Laissez durer la nuit", chante Le Camus, jusqu'au Dodo de Couperin.