De ce pur romancier, dont la force créatrice fascinait Gide, de cet extraverti-né, personne ne serait attendu qu'il se muât en autobiographe. Premier essai en 1940, tenté à la suite d'une erreur de diagnostic, après que son médecin lui eut annoncé qu'il n'en avait plus que pour deux ans à vivre. Il voulait, nous dit-il , fixer à l'intention de son fils Marc, alors âgé de dix-huit mois, l'histoire de sa famille et de son enfance. D'où ce "Je me souviens", interrompu avant la fin, publié en 1945 et doublé, en quelque sorte, par un roman, "Pedigree"(1948) où il reprit le récit de son enfance, mais sur les conseils de Gide, sous un forme objective, en supprimant le "je" et en se dépeignant sous le nom de Roger... "Je me souviens" est un beau livre, une évocation, juste et sensible, de Liège du début du 20e siècle, du conflit entre les Simenon wallons et les Brüll flamands... in : "Tout Simenon", vol. 26, préf. "Le manant aux joues lisses", Fernandez, Dominique, Paris, Omnibus, 2004.

Maigret venait de recevoir un curieux coup de téléphone du quai des Orfèvres. Pas du ministre lui-même mais de son chef de cabinet. Il ne cessait de parler de prudence et discrétion. Il s'agissait d'un ancien ambassadeur que l'on venait de découvrir mort dans son appartement de la rue Saint-Dominique.