À partir d'une photographie de funérailles dans l'immédiat après-guerre à Bruxelles, Fabienne Verstraeten enquête sur le destin de deux hommes, otages de l'Histoire. Le premier (Aloïs, le père), héros résistant de l'ombre, fut fusillé par les Allemands en 1943. Le second (André, le fils) douta cependant de l'héroïsme de son père et sombra dans une indicible mélancolie. Soixante-dix ans plus tard, il mit un terme à sa vie, et sans doute à sa mélancolie, en sautant par une fenêtre de la maison de retraite où il finissait ses jours. De détails en méditation, de souvenirs en zones d'ombres, le récit tente de circonscrire ce qui s'inscrit de manière obscure dans la succession des générations et expose l'étrange effacement et oubli de la guerre à l'orée des années 60 à Bruxelles. Pas à pas, comme avançaient les porteurs du cercueil d'Aloïs sur la place communale de Jette, nous approchons le mystère. Fabienne Verstraeten, psychanalyste à Marseille, est belge. Elle a été la directrice des Halles de Schaerbeek.