Selon une très ancienne légende portugaise, la misère aurait été une pauvre vieille femme sans âge qui vivait dans une humble cabane au milieu de la campagne. Madame Misère, comme on l'appelait alors, tirait sa maigre subsistance des fruits que lui donnait un jujubier. Malheureusement pour elle, les brigands des environs lui dérobaient les meilleurs jujubes, en lui laissant que les noirs. Sa vie n'était que malheur jusqu'au jour où un mystérieux voyageur lui fit le don d'un pouvoir si extraordinaire qu'il lui permit d'avoir raison des coquins et même de la Mort...

Dans la tradition populaire québécoise, on ne trouve pas que des contes de diablerie ou de revenants. Une foule de contes font appel à la débrouillardise et à l'ingéniosité d'un héros. Mais, disons-le, ces histoires sont assez éloignées de la morale. En effet, ce sont des voleurs, des joueurs de tours qui suscitent notre admiration et s'en tirent presque toujours à la fin, justement grâce à leur ruse. Est-ce la raison pour laquelle ces histoires sont moins connues que celles des loups-garous et des diables où la bonne conduite et le repentir permettent aux héros d'être sauvés ? En tout cas, ces contes de ruse et de malice rétablissent un aspect un peu négligé de la vie rurale du Québec du XIXe et du début du XXe siècle où les habitants n'étaient peut-être pas aussi préoccupés qu'on l'a dit de leurs pratiques religieuses et de leur salut éternel. (Quatrième de couverture)