Deux fois nommée "révélation" ("best newcomer") par Opernwelt pour deux créations contemporaines, la soprano franco-chypriote est une interprète fétiche de Jörg Widmann qui a déjà écrit deux ouvres pour elle et elle a chanté sous la direction de François-Xavier Roth, Sir Simon Ratlle ou Daniel Barenboim. Ce dernier lui a ouvert les portes de Berlin et de l'Orchester des Wandels, regroupement de musiciens issus de divers orchestres allemands dont la Staatskappelle Berlin, qui se sont donnés comme objectif de pratiquer leur art en protégeant la planète (le packaging du disque ne contient pas de plastique et est imprimé avec une encre biologique). Outre la rencontre entre la jeune chanteuse et cet orchestre unique, ce projet est aussi le résultat d'une passion de Sarah pour l'Islande (terre d'ther par excellence ?).

Le pianiste Lukas Geniusas a enregistré la version originale de la Sonate pour piano nº1 de Rachmaninov dans la maison suisse du compositeur, Villa Senar (Sergei & Natalia Rachmaninov), sur son propre piano, un Steinway & Sons dune longueur inhabituelle, offert au compositeur et concertiste star par le fabricant à loccasion de son soixantième anniversaire. La différence entre la version originale de la Sonate nº1 et la deuxième version raccourcie de plus de 100 mesures nest pas seulement une question de longueur, selon Lukas Geniusas : « Il y a beaucoup de choses perdues entre la première et deuxième édition. Je sais que cela va à lencontre des idées reçues, mais je dirais que cette sonate est lune des meilleures oeuvres pour piano seul de Rachmaninov, si ce nest la meilleure. Sa puissance bouleversante, sa splendeur et son ampleur ne peuvent être comparées quau troisième concerto pour piano, écrit peu de temps après. » Quatre préludes de lOp. 32 complètent ce programme.

Toutes deux bien connues pour leur goût pour l'éclectisme, l'expérimentation et l'aventure, amies dans la vie, la soprano Anna Prohaska et la violoniste Patricia Kopatchinskaja devaient un jour concevoir un programme ensemble et l'enregistrer. C'est chose faîte avec Maria Mater Meretrix... Quel rapport entre Hildegard von Bingen et Gustav Holst, Antonio Caldara et Lili Boulanger Les deux musiciennes et leurs complices du Camerata Bern explorent la figure de la femme à travers 10 siècles de musique la figure de Marie avec notamment le fameux triptyque Magnificat - Ave Maria - Stabat Mater, composé à partir de 1967 par Frank Martin, compositeur inclassable que les deux artistes vénèrent, mais aussi Marie Madeleine, avec Caldara ou Kurtág. La Sainte, la Mère, la Putain... L'expression de deux femmes musiciennes d'aujourd'hui, un voyage plein de sens et une exploration sensorielle entre solos, duos, quatuors et pièces pour grand orchestre.

Il fallait que dans leur foisonnante discographie, les Lunaisiens s'emparent de la Complainte des rues, chanson qui raconte une histoire sombre et tragique, celle des miséreux, des sans grades qui n'ont à clamer que leur misère et leur faim ! Merd' v'là l'hiver!, c'est ainsi que commencent Les Soliloques du pauvre du poète Jehan Rictus (1867-1933), oeuvre sur laquelle Arnaud Marzorati a organisé un programme s'articulant autour d'un répertoire de sans-abris, d'ouvriers, de prostituées, d'enfants abandonnés.

Le Requiem de Mozart n'est présenté à Paris qu'en 1804, dans une version légèrement différente de celle composée par Mozart. La presse se fait l'écho d'un triomphe. 1804 est aussi l'année du sacre de Napoléon : de ses conquêtes méditerranéennes, Bonaparte avait rapporté un goût prononcé pour la musique italienne. Il confie ainsi au Napolitain Giovanni Paisiello (1740-1816) la direction de sa chapelle musicale et lui commande la musique de son couronnement, une Messe solennelle en si bémol majeur. Le Palazzetto Bru Zane a créé l'édition moderne de l'oeuvre qui est enregistrée ici. Outre la fastueuse 1804, l'autre année qui relie Napoléon à Mozart, c'est 1841, lorsque son Requiem retentit à nouveau aux Invalides alors que le corps de Napoléon y fait son entrée...Sandrine Piau, Chantal Santon, Eléonore Pancrazi, Mathias Vidal et Thomas Dolié sont les solistes de ce programme dirigé par Julien Chauvin, à la tête de son Concert de la Loge et du Choeur de Chambre de Namur.

Ce récit de voyage dans l'Italie méridionale, le long de la via Appia, conduit au coeur des mythes romains, au croisement des grandes cités antiques et de l'ultra-violence des mafias du monde contemporain. Il montre les rites et les superstitions de cette région, mais aussi sa sagesse et son art de vivre. ©Electre 2023

Le directeur de recherche au CNRS propose un nouveau regard sur le cancer à la lumière de la biologie de l'évolution afin de mieux comprendre et combattre cette maladie apparue il y a plus d'un demi-milliard d'années. Prix Le goût des sciences 2020. ©Electre 2022

Cet enregistrement présente le double concerto pour violon, violoncelle et orchestre du compositeur espagnol Francisco Coll, né en 1985. Les Plaisirs Illuminés, titre inspiré de Dalí, s'ancre dans les traditions espagnoles, à commencer par le flamenco, mais est résolument moderne : "sa musique est très vivante rythmiquement, elle danse et elle chante - mais en même temps elle est très abrupte, toujours en quête d'extrêmes" dit Patricia Kopatchinskaja. Pour cette création mondiale dirigée par le compositeur elle retrouve une complice de longue date, qui elle aussi fait une brillante carrière internationale, la violoncelliste Sol Gabetta.

C'est avec le titre Enigma fortuna que l'ensemble La Fonte Musica, dirigé par Michele Pasotti, entend mettre en lumière la personnalité mystérieuse et excentrique du compositeur abruzzais Antonio Zacara da Teramo (1355-1416). Contemporain de Boccace, de Donatello et de Brunelleschi, ce compositeur pourrait presque être assimilé à une sorte de Jérôme Bosch musical tant les textes qu'il met en musique convoquent un "univers à l'envers" où l'obscène, l'imaginaire et le grotesque gambadent main dans la main. "Me comprenne qui pourra, car je me comprends" écrit-il dans sa ballata Amor ne tossa, annonçant la fierté des artistes romantiques avec 400 ans d'avance. Avec cet enregistrement de 4 CDs présentant en première mondiale l'oeuvre de Zacara, c'est une première tentative de compréhension que l'ensemble Fonte Musica nous propose. Et avec celle-ci, à travers le caractère intemporel de l'art, la compréhension d'une époque dite "renaissante" qui paraît autant "à l'envers" que la nôtre.

Si Händel est connu du grand public pour ses pièces chorales et orchestrales à grande échelle, son ouvre pour orgue est tout aussi précieuse. C'est le duc de Saxe-Weissenfels qui, le détournant d'une carrière dans le droit, repère ses aptitudes exceptionnelles sur cet instrument. ? 17 ans, il était déjà l'organiste attitré de la Domkirche de Halle ; il bat Domenico Scarlatti à un concours de virtuosité lors de son séjour à Rome. Martin Haselbvck et l'orchestre de la Wiener Akademie ont enregistré les concertos pour orgue Op.4 & 7 dans le prestigieux Musikverein de Vienne, mondialement réputé pour son acoustique. Haselbvck joue sur l'imposant orgue Rieger de la salle et signe un des tous premiers enregistrements sur cet instrument. Inauguré en 2011, c'est le quatrième orgue du Musikverein depuis son ouverture en 1870. Avec ses proportions bien plus grandes que celles des orgues sur lesquels Händel avait l'habitude de jouer, cet instrument offre une palette sonore riche en contrastes.

Corniste au sein de l'Orchestre Philharmonique de Berlin depuis 2001, Sarah Willis est une infatigable ambassadrice de son instrument dont elle défend les couleurs dans le monde entier. Elle lance en 2014 Sarah's Music, un programme télé où des personnalités présentent la musique avec chaleur, dans toute sa diversité. Lorsqu'elle se rend à Cuba pour donner une master class, Sarah Willis est profondément marquée par les musiciens qu'elle y rencontre et fonde l'ensemble Havana Horns. L'album Mozart y mambo réunit la musique de Mozart et le répertoire traditionnel cubain. Accompagnée du Havana Lyceum Orchestra et de son chef José Antonio Méndez Padrón, elle présente des oeuvres de Mozart pour cor et orchestre ainsi qu'un Rondo alla mambo, une Sarahnade mambo, une Petite musique de nuit cubaine... Quelques célébrités locales, parmi lesquelles le Buena Vista Social Club, participent à cet enregistrement qui rend hommage au répertoire cubain.

Après un coffret consacré à la musique française du XIXe siècle (Alpha, 2015) et un autre dédié aux Symphonies et Ouvertures de Beethoven (Alpha,2018), Jos Van Immerseel et son ensemble sur instruments d'époque Anima Eterna proposent ici un florilège de 7 CD comprenant des enregistrements de compositeurs majeurs du XIXe et du XXe siècle, toutes nationalités confondues. Que ce soit Liszt avec ses poèmes symphoniques, Orff avec son Carmina Burana ou Gershwin avec sa Rhapsody in Blue, tous semblent animés par un désir profond: celui de repousser les limites formelles de la musique orchestrale en la confrontant à d'autres traditions, d'autres horizons musicaux, lui conférant ainsi une résonance éternelle.

Après l'enregistrement chez Alpha des sonates pour violon de Prokofiev, Ravel et Strauss, le violoniste Tobias Feldmann se consacre dans ce disque à la forme du concerto, interprétant deux oeuvres majeures et exclusives du répertoire finlandais : les concertos pour violon et orchestre de Jean Sibelius et Einojuhani Rautavaara. Créé en 1904 à Helsinki, le Concerto pour violon de Jean Sibelius se révèla d'une grande difficulté technique pour la partie soliste. Sibelius révisa sa partition, mais ne composa plus pour violon et orchestre que sous des formes plus courtes, celles de la sérénade ou de l'humoresque. Il faudra attendre près de soixante-dix ans pour qu'une nouvelle oeuvre majeure pour violon et orchestre voit le jour sous la plume d'un compositeur finlandais, avec le Concerto de Rautavaara, dont la virtuosité égale en tout point celle exigée par l'oeuvre de son aîné.

La Covid a provoqué l'annulation des représentations de Pelléas et Mélisande à l'Opéra National de Bordeaux, qui s'est rapproché d'Alpha afin de procéder à l'enregistrement audio de ce chef-d'oeuvre. Une nouvelle version inattendue, avec une distribution exceptionnelle et un jeune chef, Pierre Dumoussaud, dont c'est en train de devenir l'ouvre fétiche puisqu'il la dirige sur de nombreuses scènes. "Sa direction n'appelle que des éloges, trouvant un bel équilibre entre clarté analytique et vie théâtrale, tout en faisant ressortir l'extraordinaire modernité de cette musique entêtante", écrit Christian Merlin dans Le Figaro, à propos d'une de ses performances scéniques.

Reinoud Van Mechelen et son ensemble A Nocte Temporis poursuivent leur "Trilogie Haute-Contre" avec le favori de Rameau, Pierre de Jéliote, probablement le plus grand haute-contre de l'histoire, voix de ténor aigue qu'il ne faut pas confondre avec le contreténor ! Rameau a énormément écrit pour Jéliote, qui n'était pas seulement chanteur mais également guitariste, violoncelliste et même compositeur... Cet album rend hommage à ce Béarnais né en 1713 et mort à l'âge canonique de 84 ans, avec un florilège d'airs de Rameau (Hippolyte et Aricie, Les Fêtes d'Hébé, Platée, Castor et Pollux, Les Boréades), mais aussi de Dauvergne, Colin de Blamont, Mondonville, Rebel et Francoeur... certains très connus, d'autres beaucoup plus rarement joués de nos jours.

Il n'est pas que le musicien de Fellini (La strada etc.), de René Clément ou de King Vidor. Nino Rota est un des grands compositeurs du Xxe siècle. Enfant prodige, il a étudié en Amérique avec Fritz Reiner, croisé Toscanini et Igor Stravinsky. Èric Le Sage, Emmanuel Pahud, Paul Meyer, Daishin Kashimoto, Aurélien Pascal et leurs partenaires du festival de Salon de Provence rendent hommage à sa musique, avec sa Petite Offrande musicale, composée en 1943 à l'âge de 22 ans, un Nonette et un Trio pour flûte, violon et piano qu'il écrit à la fin des années 50. Le Trio pour clarinette, violoncelle et piano (1973) appartient à la dernière période créative de Rota et il a toutes les caractéristiques des ouvres de la maturité.