Ce quatrième volume de la série couvre la dernière période de la prodigieuse activité de Lassus, maître de chapelle d'Albert V duc de Bavière ; elle débute à la mort de ce dernier en 1579 et donc à l'accession au trône de son fils Guillaume, pour se terminer à la mort du compositeur en 1594, sans que la vieillesse et à peine la maladie aient interrompu une longue liste de chefs d'oeuvre. Une exception a été faite au principe des inédits au disque qui caractérise cette collection, pour terminer cette biographie par le motet Musica Dei donum optimi paru l'année même de sa mort, splendide hommage à la musique qui aura gouverné, avec quelle puissance et quelle variété, toute l'existence de ce grand nom de la Renaissance.

Troisième volume de la série des Portraits musicaux (après ceux de Pierre de la Rue et de César Franck), ce coffret est tout entier consacré à André-Modeste Grétry. On y trouvera des extraits de différents opéras du musicien liégeois (La caravane du Caire, L'amant jaloux, Le jugement de Midas), ses Six Quatuors op.3 publiés à Paris en 1773 et des adaptations de morceaux de ses opéras (par Mozart, Franck, Godefroid ou Vitzthumb). Chaque oeuvre démontre ici son art accompli de l'accroche et de l'intonation mélodique.

D'une décennie de l'activité de Lassus à la cour de Bavière (1569-1579) marquée par une dégradation des rapports avec son prince-patron Albert V, cet enregistrement rend compte de la variété des genres abordés par le compositeur, qui vont du domaine liturgique (messe, magnificat) à celui de la libre inspiration du compositeur : motets religieux ou profanes, chanson latine et française, madrigal, lied profane et lied spirituel, sans oublier sa seule contribution au domaine purement instrumental avec des pièces en duo qui font le lien entre les différentes parties.

Contemporain de Claude Debussy, proche ami de Maurice Maeterlinck, le compositeur Eugène Samuel-Holeman (1863-1942) nous mène au coeur du milieu fin-de-siècle en Belgique, entre symbolisme et modernisme. La jeune fille à la fenêtre (1904) est un monodrame chanté sur un texte de l'écrivain Camille Lemonnier, figure majeure des lettres belges. Créée et défendue pendant une dizaine d'années par la célèbre mezzo Jane Bathori, cette "prose lyrique", étonnante tant par son instrumentation que par ses harmonies innovantes, est un témoin de l'émancipation du langage musical du tournant des XIXe et XXe siècles. (Electre)

En 1996, un disque aux pièces pour luth de Jacques de Saint-Luc était édité. Ces pièces étaient alors brillamment interprétées par Stephen Stubbs. Des recherches récentes permettent désormais d'affirmer que le présent CD est le second consacré par le label Musique en Wallonie à la musique, non de Jacques, comme indiqué sur le 1er volume, mais de son fils Laurent de Saint-Luc (vers 1669 - après 1708). ? deux suites traditionnelles, le présent programme joint deux ensembles de pièces choisies dans certaines suites, mais aussi parmi les pièces isolées - dont la douloureuse Allemande en sol mineur - tirées des manuscrits de pièces de luth conservés à Vienne et à Prague. (Electre)

Comment composer dans la tourmente ? Qu'écrire sur les routes de l'exil ? Pourquoi danser quand tant d'autres souffrent ? La collection 14-18 souhaite proposer un portrait musical des années de la Grande Guerre en enregistrant ces musiques "savantes" et "populaires" qui surgirent alors que tout art semblait vain, mais qui, l'espace d'un concert ou d'une soirée, purent servir de réconfort aux civils et aux soldats de Belgique et d'ailleurs. Mois après mois, alors que le conflit s'enlisait, les artistes et les compositeurs se remirent au travail. Que ce soit par des textes explicites ou par des choix esthétiques qui intégraient des sources plus "exotiques" que la musique allemande, une part de leur production allait refléter l'impact du conflit. En prêtant une oreille attentive à la "musique populaire de guerre" qui figure sur ce disque, il est en tout cas permis d'affirmer que ces répertoires donnaient à entendre le monde qui allait advenir et c'est peut-être là l'essence même de la création musicale. (Electre)

La musique de Joseph-Hector Fiocco frappe par sa qualité, sa richesse d'idées et le souffle qui la traverse. Avec une cohérence plutôt troublante, il fusionne les esthétiques française et italienne, tant sur le plan harmonique que mélodique. Ses mélodies accrocheuses donnent souvent l'impression à qui les écoute de déjà les connaître : la vocalité prime toujours, les lignes sont souples, amples et élégantes. Parfois, l'un ou l'autre passage fait penser à Vivaldi, Pergolesi ou Couperin. Et pourtant, d'une plume ferme et inspirée, Fiocco s'affirme comme un compositeur de premier ordre, au langage bien personnel, empli de sensualité et de lumière. Nicolas Achten et son ensemble Scherzi Musicali livrent un deuxième volume consacré aux motets de Fiocco, après l'enregistrement publié en 2011, récompensé d'un Diapason d'or Découverte et d'un IRR Outstanding. (Electre)

Rédemption (1873) de César Franck est une oeuvre charnière. Ode symphonie, elle se situe à la croisée de l'oratorio, de l'opéra et du poème symphonique - veine qui sera brillamment exploitée par Franck avec Psyché (1888) et Les Béatitudes (1891). Rédemption marque également une autre articulation : par cette vaste fresque, César Franck devient "le père Franck", chef de file de la nouvelle école française de composition, le compositeur de la maturité, celui du Chasseur maudit (1883), des Variations symphoniques (1885), des Eolides (1885)... L'organiste se mue en virtuose de grands effectifs orchestraux ou vocaux et prend place parmi les compositeurs majeurs de la période symboliste. (Electre)

Créé à la cour de Bruxelles à l'occasion du carême de 1706, ce second oratorio de Pietro Torri, est le plus ancien à avoir été donné dans la capitale des anciens Pays-Bas espagnols et dont la partition ait été conservée. Chanté par l'élite des chanteurs du temps - ceux-là mêmes qui allaient créer les premiers opéras de Händel -, il a joué un rôle décisif dans la diffusion de l'oratorio romain au nord de l'Europe. Torri, attaché sa vie durant à la cour des électeurs de Bavière, a laissé le corpus d'oratorios - tant en français qu'en italien - le plus considérable avant Händel, que La vanità del mondo annonce par la beauté de ses airs et sa puissance dramatique. Ce disque est un enregistrement du concert donné par le prestigieux ensemble Musica Antiqua Köln, dirigé par Reinhard Goebel, et de brilliants solistes à l'occasion du Festival International de Musiques Sacrées de Fribourg (Suisse, 1988). (Electre)

Au fil du temps, le souvenir du virtuose génial que fut Eugène Ysae a fini par supplanter dans la mémoire collective sa qualité de compositeur. Il convient cependant de rappeler qu'il a créé, au travers de ses poèmes pour instruments à cordes, un genre foncièrement nouveau et original, se distinguant par une science de l'écriture et une richesse harmonique éloignées des mérites purement virtuoses de ses compositions du début. Aussi, ces poèmes valent-ils vraiment la peine d'être redécouverts. D'une certaine façon, ils peuvent être considérés comme une sorte de chainon reliant les traditions esthétiques germanique et française, une union du romantisme germanique et de l'impressionnisme français. Pour la seconde fois, le chef français Jean- Jacques Kantorow, très grand connaisseur d'Ysae, dirige l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et les solistes Svetlin Roussev et Amaury Coeytaux dans des poèmes pour violon et orchestre. (Electre)