Le ténor reinoud van mechelen termine sa trilogie dédiée aux hautes-contre par legros, haute-contre de gluck. Joseph legros (1739-1793) fut chanteur à lOpéra de paris et reconnu pour ses capacités musicales hors du commun, son large ambitus, ses aigus brillants. « on apprécie que son émission ne soit pas forcée et que son goût soit moins maniéré que celui de ses prédécesseurs. Sa prononciation est parfaite et sa figure agréable, quoique sa silhouette ne soit pas gracieuse et que son jeu scénique laisse à désirer » écrit benoit dratwicki, du centre de musique baroque de versailles qui est partenaire de cette série... Legros suscite chez les compositeurs modernes un regain dintérêt pour la voix de haute-contre. Les premiers à écrire pour lui sont la borde, trial et berton. Puis gossec (Alexis et daphné) ou grétry (Céphale et procris). En 1774, larrivée de gluck à paris marque un tournant dans la carrière de legros : il se révèle dans orphée et eurydice, fait sensation dans iphigénie en aulide et iphigénie en tauride... Les rôles-titres dAmadis de gaule de j.-c. Bach et dAtys de piccinni sont les derniers où il brille. Après legros, la voix de haute-contre disparaît progressivement, laissant la place à celle de « véritable ténor », voix plus puissante, mais ayant des difficultés à aborder le haut registre de lancien répertoire...

Dans le coffret qui avait révélé limmense personnalité de jacques arcadelt il manquait lune de ses messes. Voici donc ce complément indispensable. Le choix de leonardo garcia alarcon sest porté sur la missa noe noe qui est présentée ici dans le contexte de la liturgie de noël. A cette messe sont joints des motets du maître namurois, mais aussi du modèle absolu que représente josquin desprez pour les musiciens de sa génération. Et, en apothéose du programme, limposant benedicta es coelorum regina à six voix de josquin dans sa version augmentée à 12 voix par jean guyot de châtelet, un autre compositeur wallon à découvrir !.

Dans le répertoire polyphonique italien de la Semaine Sainte de la première moitié du XVIème siècle, les deux livres de Lamentations et répons à quatre voix pour l'office des Ténèbres du Triduum pascal de Paolo Aretino (Paolo Antonio del Bivi, 1508-1584) se distinguèrent de manière particulière par leur organicité, leur exhaustivité et leur singularité. Parus respectivement en 1544 (Répons) et en 1549 (Lamentations), les deux volumes furent rééditées en 1563, ce qui est peu fréquent pour ce type de recueil. Maître de chapelle de la cathédrale et de Santa Maria della Pieve à Arezzo, considéré à son époque comme un emblème de la gloire de la ville, tout comme son concitoyen, l'écrivain Pietro Aretino, Paolo Aretino eut de fréquents contacts avec la cour florentine de Médicis; et c'est précisément la tradition florentine - comprenant l'utilisation régulière de la polyphonie pendant le Triduum - qui est à l'origine de certaines caractéristiques, telles que l'utilisation des voix égales mais surtout un style déclamatoire grave et solennel, étroitement lié à la structure du texte. Tout cela toutefois avec un haut degré de raffinement, et avec l'émergence de combinaisons de voix rarement présentes dans la musique italienne de lépoque, comme l'utilisation de deux ou trois voix de basses et dune basse profonde. Ce fut le cas, par exemple, dans les Lamentations du Samedi saint, que cet enregistrement présentent dans leur intégralité avec les répons correspondants.

Instrument venu dItalie, exotique et évocateur datmosphères méditerranéennes, la mandoline est très à la mode en France jusquà la fin du Siècle des Lumières, comme en témoignent de nombreuses sources iconographiques et musicales. Acclamé par sa « finesse, créativité et esprit » (Olivier Fourés, Diapason) et l « énergie communicative » de ses interprétations (Sébastien Llinares, France Musique), lensemble Pizzicar Galante est aujourdhui reconnu comme une référence dans linterprétation du répertoire galant pour mandoline et basse continue.Pour sa deuxième sortie discographique chez Arcana, Pizzicar Galante veut offrir un florilège des plus belles pages du répertoire joué en France durant le véritable « âge dor » qua connu la mandoline à Paris à partir des années 1760 jusquà la Révolution. Un répertoire rare et inexploré où la virtuosité rayonnante dAnna Schivazappa, spécialiste des mandolines anciennes, dialogue avec la voix envoûtante et charismatique de Marc Mauillon.

Deux artistes brésiliens rendent hommage à villa-lobos et à la forêt amazonienne... Sebastiao salgado est un photographe mondialement reconnu qui oeuvre depuis les années 90 pour la protection et la restauration de la forêt atlantique et des ressources en eau de la vallée du rio doce au brésil. La cheffe dorchestre italo-brésilienne simone menezes se passionne pour le compositeur brésilien heitor villa-lobos et son poème symphonique floresta do amazonas, dont elle a créé une suite pour grand orchestre et soprano. Ensemble ils parcourent le monde pour présenter une exposition des photos de salgado, combinée à des concerts dirigés par simone où les photos sont projetées, le photographe ayant associé chaque phrase musicale à une de ses images... Un projet monumental dont voici la musique, enregistrée avec le philharmonia zurich et la soprano camila provenzale. Dix photos de salgado, toutes plus saisissantes les unes que les autres, sont présentes dans le livret qui accompagne cet enregistrement qui est complété par un autre hommage à la nature amazonienne, celui de philip glass, avec un extrait de son aguas da amazonia.

En 1906, Komitas donne un concert et une conférence à Paris. Debussy monte sur scène à l'issue du concert et s'agenouille devant le compositeur arménien (également prêtre, chanteur et pionnier de l'ethnomusicologie), s'exclamant : ' Je m'incline devant votre génie, Saint Père. ' ' Komitas est la voix de la terre d'Arménie, de ses églises et de ses pierres qui, pendant des siècles, sont restées muettes ' poursuit le violoniste David Haroutunian. Avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik, qui s'est prise de passion pour ces mélodies et la pianiste Xénia Maliarevitch, ils rendent hommage à ce grand musicien, ainsi qu'au compositeur franco-arménien Garbis Aprikian, aujourd'hui âgé de 96 ans. Héritier de Komitas, élève d'Olivier Messiaen, il a largement contribué à diffuser, en France et au-delà, la musique arménienne, autant classique que populaire. Son Lamento ouvre l'album, belle évocation et touchante révérence à Komitas.

In nocte consilium, la nuit porte conseil: les poètes y trouvent le temps de l'apaisement, les astronomes le moment tant attendu pour observer les étoiles et les planètes... Quant aux mystiques, ils ont cherché des nuits entières les voies énigmatiques de la présence divine. Ce programme construit comme un parcours du crépuscule à l'aube nous guide à travers les différentes nuits qui nous sont contées par les compositeurs du XVIe siècle: de l'espoir à l'absence, de la douceur du songe amoureux à la froideur de la nuit éternelle, sans oublier la clarté de la lune guidant les amants vers leurs retrouvailles, l'itinéraire s'achève à la lueur des premiers rayons du soleil. Janequin, Lassus, Palestrina, Guerrero et leurs collègues franco-flamands, italiens et espagnols nous invitent à explorer ces nuits tantôt ténébreuses et épouvantables, tantôt étoilées, tranquilles et amoureuses.

Après le succès de l'enregistrement consacré à Veress et Bartok, couronné par deux Awards en 2020, Gramophone et BBC Music Magazine, la série du festival de Lockenhaus, dirigée par son directeur artistique Nicolas Altstaedt, poursuit sa route en Europe centrale avec Antonín Dvorak et son fameux trio Dumky, du nom des chansons populaires slaves généralement interprétées par des rhapsodes itinérants aveugles s'accompagnant eux-mêmes à la kobza ou à la bandoura (un luth à douze cordes). Dvorak, dont le père jouait de la cithare, s'imprègne de ces musiques et s'en fait traducteur-créateur. Le trio est créé en 1891 et, devant son accueil dithyrambique, Dvorak décide de le jouer pendant sa grande tournée d'adieu, avant son départ pour les Etats-Unis. Le Duo pour violon et violoncelle de Zoltan Kodály (1914) qui complète ce programme témoigne lui aussi de l'influence des musiques traditionnelles.

En 2018, le festival Styriarte de Graz a lancé, en collaboration avec Zefiro, un projet de redécouverte de la production lyrique de Johann Joseph Fux (1660-1741), maître de chapelle à la cour impériale de Vienne pendant 40 ans. L'objectif est de présenter sur scène six de ses 19 opéras, soit un par an. Avec des interprètes spécialistes du chant baroque, conduits par Monica Piccinini et Arianna Venditelli, ce Dafne in lauro marque le début d'une nouvelle collection Arcana, où paraîtront les enregistrements effectués dans le cadre de ce cycle pluriannuel. Présentée le 1er octobre 1714 pour célébrer l'anniversaire de l'empereur Charles VI, Dafne in lauro se distingue par ses nombreuses références à la chasse dans l'Ouverture et les airs de Diane, et à travers les nombreuses pièces de danse représentatives caractéristiques du style français, comme les menuets, les gigues et les bourrées. Le point culminant de ce programme est l'air poignant de Daphnée accompagnée par une viole de gambe qui, comme le chalumeau et la flûte traversière, enrichit la palette sonore de cette partition.

Après le succès de ses enregistrements en solo, Paolo Zanzu revient à la tête de son nouvel ensemble Le Stagioni avec Officina romana, en collaboration avec le contre-ténor Carlo Vistoli. Au début du XVIIIe siècle, Rome était l'une des grandes capitales de la musique en Europe. En quelques années, Corelli, Haendel, Alessandro et Domenico Scarlatti, Caldara, Cesarini et bien d'autres y ont croisé leur chemin, entourés de peintres, de sculpteurs, de poètes et de philosophes qui comptent parmi les grands noms de l'époque. Fruit d'une longue réflexion et de recherches, l'Officina romana cristallise ce moment unique dans l'histoire de la musique en recréant une soirée musicale idéalisée, une conversazione, sorte de rencontre libérale de notables dans le palais d'un cardinal romain, avec un programme mêlant musique vocale et instrumentale en formation orchestrale et chambriste. Ce programme met en valeur le génie créatif, l' "estro" de l'époque, son inventivité musicale et technique, en combinant des pièces célèbres avec des pièces inédites. Le pianoforte Cristofori y fait également une apparition : le cardinal Ottoboni en possédait un.

? l'instar des troubadours occitans et des trouvères du Nord de la France, les Minnesänger célèbrent l'amour courtois et donnent ses lettres de noblesse à l'allemand médiéval. Ces "chanteurs d'amour" (Minne signifiant "amour" en ancien allemand) perpétuent ainsi une tradition poétique et musicale née près de deux siècles auparavant en Occitanie. S'émancipant progressivement de leurs modèles du Sud et du Nord de la France, les Minnesänger (qui appartiennent pour la plupart à la noblesse et à la chevalerie) développent durant le XIIIe siècle un art qui leur est propre.

L'Ensemble Perspectives, quintette vocal a cappella fondé et dirigé par Geoffroy Heurard, s'attache à créer des programmes mêlant le grand répertoire classique, des compositeurs moins connus et des chansons traditionnelles et pop... Ces musiques sont transcrites "sur-mesure" pour Perspectives, qui travaille avec des arrangeurs et compositeurs mondialement reconnus, de toutes tendances esthétiques. Leur nouvel album, intitulé "Playlist", permet à l'oreille d'aujourd'hui de saisir les fils intemporels qui relient Purcell à Brahms, un air traditionnel à une chanson américaine fredonnée par des générations entières... Un voyage ludique et inspiré entre les musiques de Purcell (Dido's Lament), Brahms, Ravel ou Fauré, des chants traditionnels comme Joshua fit the battle of Jericho ou Frère Jacques, des chansons de Charlie Chaplin (Smile), Michel Legrand (La Chanson de Maxence), ainsi que de Paul Simon (Mrs. Robinson et 50 Ways to Leave your Lover) et de Tom Waits (Alice).

En cette année 2021, le trio Zadig nous invite à découvrir les deux facettes de Saint-Saëns : l'écriture et la transcription. Des pièces arrangées pour trio - les Pièces de clavecin en concerts 1 et 5 de Rameau et Orphée de Liszt - encadrent l'Opus 92 de Saint-Saëns. Ce programme donne l'impression de voyager dans le temps et dans l'espace, entre le XVIIIe siècle, la Hongrie, la France... L'occasion de découvrir ou redécouvrir le savoir-faire compositionnel, le sens de la forme et du dialogisme, l'inventivité thématique et la richesse harmonique de Saint- Saëns. Fidèle à leur recherche de répertoires peu visités, les Zadig, à l'instar du héros voltairien, poursuivent leur aventure dans le monde de la musique de chambre.

The dubhlinn gardens : une soirée dans la haute société dublinoise du XVIIIe siècle, où la musique traditionnelle tend à se "civiliser"... Ce programme est né de la passion de la flûtiste Anna Besson pour la musique traditionnelle irlandaise depuis son plus jeune âge. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est la pratique de la flûte irlandaise qui l'a conduite à celle de la flûte baroque... Reinoud Van Mechelen a lui aussi, depuis quelques années, commencé à se former au chant traditionnel irlandais auprès de Karan Casey et autres chanteurs spécialisés dans le Sean-Nós. C'est cette double pratique de la musique ancienne et des musiques traditionnelles qui a mené l'ensemble A Nocte Temporis à proposer un programme aussi entraînant que touchant. (Electre)

Pour la première fois depuis sa création au XVIII siècle, le Te Deum pour les Victoires de Louis XV d'Henry Madin résonne en 2015 dans la Chapelle Royale de Versailles. Stradivaria, ensemble baroque de Nantes dirigé par Daniel Cuiller, et Les Cris de Paris, choeur de chambre dirigé par Geoffroy Jourdain, reprennent l'oeuvre du compositeur né à Verdun en 1698 et qui fut sousmaître de la Chapelle du Roi à partir de 1738. L'interprétation du Te Deum, le plus long composé sous l'Ancien Régime, est complétée par celle du Diligam te, Domine, l'une des oeuvres principales de Madin qui s'inscrit dans le style du motet à grand choeur. Lors d'un concert unique et immortalisé, les deux oeuvres ont repris vie dans ce lieu historique hautement symbolique et sont présentées aujourd'hui dans la Collection Alpha / Château de Versailles qui compte désormais plus d'une dizaine de titres. (Electre)

Au cours du règne du duc Galeazzo Maria Sforza (1444-1476), Milan connut une vie musicale extraordinaire. Dans les années 1470, le duc réunit un "célèbre et digne choeur", recrutant "bon nombre de chanteurs au-delà des Alpes et dans différents pays". Il assembla bientôt un ensemble musical composé de certains des plus célèbres musiciens de la polyphonie franco-flamande de l'époque, venus d'Italie et d'ailleurs. Le duc créa une nouvelle sorte de messe polyphonique, un cycle de motets appelés missales, afin de remplacer l'ordinaire traditionnel, avec des textes réservant une importance particulière au culte de Notre-Dame de Grâce et de Miséricorde, très aimée dans la famille Sforza. La Missa Galeazescha de Loyset Compère pour cinq voix, chef-d'oeuvre du genre, est enregistrée ici par un ensemble inspiré de la taille impressionnante de la cappella de Galeazzo Maria Sforza. Quatre groupes vocaux et instrumentaux sont réunis pour l'occasion. (Electre)

Le Concerto pour piano N°2 de Sergueï Rachmaninov n'aurait peut-être jamais vu le jour sans hypnose : avant qu'il ne commence à y travailler, le compositeur, alors âgé de 27 ans, était aux abois à tous points de vue, spirituel, artistique et financier. Le docteur Nikolaï Dahl hypnotisa tous les jours son patient en lui murmurant : Tu vas écrire ton concerto. Tu travailleras avec une grande légèreté. Le concerto sera de très grande valeur... Le blocage disparut et la création du concerto à Moscou en 1901 fut un triomphe - pour Rachmaninov, qui jouait la partie soliste. Anna Vinnitskaya dit qu'elle ressent une "atmosphère de printemps" dans cette oeuvre : tout est en mouvement, en renouveau. La musique traverse les paysages atmosphériques les plus opposés, mais elle va vers la clarté, vers la lumière. (Electre)