Etude de la représentation de la Sénégambie en poésie à travers les oeuvres des Sénégalais L.S. Senghor et A.L. Sall et des Gambiens L. Peters et T. Sallah. L'universitaire relève les points de construction d'une identité collective à travers les générations de poètes témoignant des enjeux des racines africaines, de l'indépendance politique et l'implication citoyenne des années 2000. ©Electre 2018

Enquête et essai, ce livre se focalise sur l'étude des fictions (nouvelles et romans) publiées dans le magazine Je sais tout avant la Première Guerre mondiale, parmi lesquelles les premières aventures d'Arsène Lupin, La Guerre du feu de Rosny, Le Fauteuil hanté de Leroux, Moi et l'Autre, de Jules Claretie… Créé en 1905 par Pierre Lafitte, Je sais tout affiche un projet « encyclopédique » qui s'estompera à partir de 1914. Il participe de la culture médiatique, s'efforçant d'atteindre, par les procédés du « syncrétisme homogénéisé » (Edgar Morin) le plus large éventail socio-culturel de lecteurs. Miroir brillant de la « Belle » Epoque, il en naturalise les choix idéologiques dominants, les partis pris, les préjugés, les conformismes. Son enthousiasme moderniste pour le dynamisme techno-scientifique des débuts du XXe siècle ne parvient pas à masquer totalement les interrogations, les doutes, les hantises de la bonne conscience occidentale. Les nouveaux genres (récits d'aventures policières, récits d'inspiration scientifique), censés se démarquer du vieux roman-feuilleton populaire du XIXe siècle, inaugurent une fiction narrative de grande diffusion que Je sais tout souhaiterait plus « littéraire » et, comme telle, supposée convenir à la frange « élégante » de son lectorat potentiel. Le livre étudie ces œuvres dans le contexte du magazine : « Notes des éditeurs », paratexte introductif, articles d'information et de vulgarisation, pièces de théâtre, articles littéraires, appareil iconographique (dessins, photographies).

Dans ce livre, Patrice Nganang soutient que la lettre est la condition de possibilité de la littérature car celle-ci est un art de l'alphabet et que celle-là est un instrument d'écriture. Ce qui le conduit à poser qu'aujourd'hui l'utopie « qui avance à grands pas avec internet » est celle d'« un alphabet commun à toutes les langues » et non pas celle « d'une langue commune à tout le monde » comparable à celle pratiquée avant la confusion des langues et la destruction de la Tour de Babel. Se félicitant de ne pas céder à la prétention universaliste de l'alphabet latin, Nganang appuie sa réflexion sur le travail de « perfectionnement » apporté par le sultan de Njoya à son alphabet (entre 1895 et 1918). C'est ainsi qu'il se penche sur la lettre du signifiant perçue comme condition et cause de son existence, c'est-à-dire en définitive comme concept de la littérature.

San-Antonio, parangon supposé d'une littérature policière dérivative et franco-centrée, est-il compréhensible, voire apte à intéresser hors de France ? Depuis les années 1950, la série des aventures du «beau Commissaire» a pourtant articulé nombre de problématiques liées aux relations internationales et à la mondialisation des échanges. Elle a aussi été largement traduite à travers l'Europe, en Amérique et en Asie.

L'auteur, universitaire et romancier, envisage ici la littérature comme lieu de pouvoir par l'analyse de l'idéologie inscrite dans les romans populaires. Cinq auteurs sont concernés : Alexandre Dumas, Jules Verne, Maurice Leblanc, Gaston Leroux et Paul Feval. À travers une analyse des héros de ces romans, l'ouvrage examine les frontières mouvantes entre signifiants idéologiques et signifiants poétiques, entre visions politiques, philosophiques, religieuses d'une part, et littérature d'autre part.

L'essor de la littérature populaire au 19e siècle est structurellement lié à un processus de mass-médiatisation de la culture : c'est en effet par de nouveaux modes de circulation des discours et des signes, en relation avec l'émergence et l'expansion de nouveaux supports (feuilletons, collections de petits romans, manuels scolaires, illustrations, photographies...), que s'opère une mutation culturelle décisive, accoucheuse de la modernité. Les pratiques sérielles du récit paralittéraire contemporain, dans ses différentes déclinaisons médiatiques (livre, BD., cinéma, chanson...) paraissent les produits les plus récents de cette transformation radicale de la culture en industrie, qui voit le peuple devenir un public, une multitude de consommateurs à conquérir. Or la recherche n'a guère insisté, sinon depuis peu et par coups de sonde isolés, sur un enjeu majeur de cette mutation : la propension remarquable du texte narratif populaire à se disséminer de manière transmédiatique, à circuler toujours plus largement dans l'imaginaire collectif via des adaptations (littéraires, scéniques, radiophoniques, cinématographiques, télévisuelles...) qui, si elles induisent parfois des modifications génériques, engendrent des pratiques culturelles de consommation nouvelles. Le "populaire", par sa narrativité spécifique, ses figures, sa symbolique ... serait-il prédisposé à cette expansion fictionnelle transgénérique et transmédiatique ?

Au sommaire notamment : Le reportage dans quelques-uns de ses états (M. Boucharenc et J. Deluche) ; Audiberti reporter, chroniqueur et romancier (J. Guérin) ; Albert Londres, le premier des reporters heureux (J. Deluche) ; Hemingway et le reportage personnel (J. Vion-Dury) ; Colette, l'écriture du reportage (Ph. Goudey) ; Le reportage au féminin : faits et intentionnalité (D. Bouit et M.-J. Protais) ; Quand le corps témoigne : voir, entendre, sentir et être là ; sémiotique du reportage (J. Fontanille) ; Kessel, Cendrars : deux versions de la pègre, (R. Ferreira de Oliveira) ; Pierre Loti : de l'Inde relatée à l'Inde reportée (J.-Cl. Carpanin Marimoutou) ; Emmène-moi autour du monde !... ou Comment Phileas Fogg est devenu reporter (Cl. Leroy) ; Roman et reportage chez André Malraux (M. T. De Freitas) ; Portraits du poète en reporter : Cendrars et Marinetti (R. Cortiana) ; Constantin Guys selon Baudelaire : reportage et modernité (J.-P. Montier) ; Sur la route mandarine : un « bon modèle de reportage » ? (Ph. Baudorre) ; Petite typologie du grand reportage (M. Boucharenc) ; Et l'Albanie se réveilla au petit matin du reportage... La bataille de Scutari d'Albanie (1912) entre reportage et récit de voyage (B. Westphal) ; « J'écris dans la tempête » : les échos de la guerre d'Algérie (C. Milkovitch-Rioux) ; Chroniques d'un exilé-reporter : La Rue à Londres de Jules Vallès (J. Migozzi) ; Andrée Viollis : reportage et idéologie (M. Collomb) ; Gaston Leroux ou l'« obsession » de la démocratie (Cl. Filteau) ; Roger Vailland à La Réunion : un voyage au bout de l'abjection ? (M. Beniamino) ; Alors la Chine ?, Roland Barthes (Cl. Coste) ; Discussion (A. Jezequel, St. Boulestin) ; L'esprit du prix Albert-Londres aujourd'hui (Ch. Weber).

Ni jugement dernier sur Greimas et son projet sémiotique, ni discours professoral sur son oeuvre, mais témoignage de chercheurs qui travaillent avec lui, avec elle.

Dans la lignée de ses prédécesseurs - le Dictionnaire des mythes littéraires, le Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui, le Dictionnaire de Don Juan, le Dictionnaire des mythes féminins -, cet ouvrage présente un état actuel de la recherche sur un des domaines des études littéraires consacrées aux mythes, sans prétendre à l'exhaustivité. Il s'efforce également de s'interroger sur les relations problématiques de deux champs de la recherche abordés le plus souvent séparément celui des mythes littéraires et celui de la littérature fantastique. Or une confrontation de la culture savante à la littérature populaire ne prolonge-t-elle pas dans une certaine mesure l'idéal, qui remonte au moins au romantisme, de la création d'une mythologie moderne ? Cette approche permet de montrer comment quelques-unes des figures de la littérature fantastique se constituent en mythes et surtout comment cette littérature fonctionne comme discours mythique. Mythe et fantastique ne se rejoignent pas seulement dans leur rapport au merveilleux, ni même en tant que principes explicatifs. Les figures monstrueuses sur lesquelles ils sont souvent centrés donnent lieu, par la monstration, à une prise de conscience de l'autre et, par là, à une réflexion sur le moi. La littérature fantastique s'édifie en mythologie en ce qu'elle induit une réflexion sur les rapports de l'homme à la société, à l'histoire ou au sacré et, sur un mode plus métaphysique, sur l'identité humaine

Matthieu Letourneux est Maître de conférences à l'Université Paris X Nanterre-La Défense. Il travaille sur les littératures et cultures populaires et de jeunesse des XIXe et XXe siècles auxquelles il a consacré de nombreux articles. Il a participé avec Pierre Brunel et Frédéric Mancier au Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui (1999). Il a édité des oeuvres de Gustave Aimard, Emilio Salgari, Eugène Sue, Stanley Weyman et, récemment, Le Coureur des bois de Gabriel Ferry (Phébus, 2009). Il vient d'achever, avec Jean-Yves Mollier, un ouvrage consacré à l'Histoire des éditions Tallandier (à paraître), à propos desquelles il a récemment dirigé un récent numéro de la revue Rocambole (2008).