S'il y a toujours eu des mensonges dans le discours public, ceux-ci occupent aujourd'hui un nouvel espace, notamment à la faveur des réseaux sociaux. La volonté de contrôler les outils l'emporte de plus en plus sur une réflexion de fond quant à l'effacement des frontières qui séparent le mensonge de la vérité. On tend à organiser la surveillance d'internet au risque de réduire les libertés de tous, alors qu'il faudrait rechercher les racines d'une confusion essentiellement politique et philosophique. La classe dirigeante n'hésite pas à instrumentaliser la lutte contre les fake news pour se maintenir au pouvoir. Elle cherche ainsi à faire oublier sa responsabilité dans l'installation du mensonge au cœur de la vie publique et dans l'avènement d'un monde où il importe surtout de mieux mentir que l'adversaire. Ce dévoiement de la politique transforme encore plus l'électeur en spectateur et impose des formes de vérités indiscutables, voire une vérité officielle. Pour reconstituer l'espace public démocratique, il devient impératif de réaffirmer la place de l'humain en tant qu'être pensant capable d'exercer sa faculté de jugement.

Presque 40 ans séparent La nuit transfigurée du Concerto pour violon. La première est tout autant l'ouvre de transition d'un jeune compositeur en proie à une fièvre poétique, que l'aboutissement du grand nocturne romantique qui brille de ses derniers feux dans la Vienne fin de siècle. Dans le second, il faut toute la maestria d'Isabelle Faust pour relever le défi d'un concerto qui place le dialogue avec l'orchestre à un niveau de difficulté inégalé. Entourée de ses plus fidèles complices, elle nous offre une interprétation extraordinairement vivante de pages parmi les plus remarquables de la littérature viennoise du XXe siècle.

Après les multiples succès remportés par leurs précédents enregistrements consacrés à C. P. E. Bach et Haydn, les musiciens de l'Ensemble Resonanz de Hambourg poursuivent, sur instruments modernes, l'exploration des trois dernières symphonies de Mozart, dont il convient généralement de dire qu' "on ne les présente plus". Et pourtant ! Riccardo Minasi fait bien davantage que les présenter : il nous les représente. La dimension rhétorique, si ce n'est théâtrale, de la fameuse trilogie apparaît ici en pleine lumière et c'est irrésistible.

Au tournant des années 70, frappé d'une crise mystique et d'inspiration, l'estonien Arvo Pärt se tourne vers la tradition chorale du Moyen ?e et de la Renaissance. De cette période de recherche foisonnante naîtront des chefs-d'oeuvre, inaugurant un univers sonore inédit, intemporel, "tintinabulant" jusqu'à l'épure. Le présent disque explore ce langage musical avec 5 oeuvres chorales qui s'étendent sur une vingtaine d'années, complétées par deux oeuvres majeures du XXIe siècle qui présentent des traits communs avec l'incomparable monde sonore de Pärt. Une écriture en suspension dont l'interprétation tout en spiritualité de Graham Ross et du Clare College nous mettrait presque à genoux...

C'est en toute amitié que Jean-Guihen Queyras et Alexandre Tharaud se sont retrouvés, le temps d'un album conçu tel un recueil de nouvelles, autour de chefs-d'oeuvre connus ou méconnus du répertoire. Si l'art de transcrire est la marque des grands interprètes, reconnaissons qu'à ce jeu les deux complices excellent ! Tout au long de ce programme lyrique et virtuose, le mélomane découvrira qu'il n'est pas au bout de ses surprises...

Fasciné, le public berlinois du milieu du xviiie siècle ne se lassait pas d'écouter les concertos de ce "génie originel" qu'était C. P. E. Bach... Des oeuvres qui exigeaient du soliste de maîtriser avec talent les multiples facettes d'une texture musicale inédite et finement élaborée : un défi relevé avec maestria (et sur instrument d'époque !) par la hautboïste Xenia Lvffler, entourée de ses collègues émérites de l'Akademie fur Alte Musik Berlin.

Les cinq concertos pour piano de Beethoven racontent à leur manière une partie de la vie de leur auteur : une vingtaine d'années durant lesquelles un jeune compositeur venu de Bonn reviendra à plusieurs reprises sur son premier concerto (une sorte de tremplin viennois qui a fini par porter le nÊ2)... avant de devenir l'Empereur de la musique que l'on connaît, incarné par ce nÊ5 génialissime. 250 ans après sa naissance, c'est par ces deux extrêmes que Kristian Bezuidenhout, Pablo Heras-Casado et les musiciens du Freiburger ont choisi de commencer une passionnante trilogie concertante sur instruments d'époque, appelée à faire date !

Des extraits de l'oeuvre de Philip K. Dick (1928-1982) choisis par E. Pieiller autour du thème du voyage dans les univers parallèles. Transgresseur des frontières du sens commun, Dick crée des univers où plus rien n'est stable, ni le temps, ni l'espace, ni le moi.

Un conte musical moderne du coin de la rue raconté par Reda Kateb. Nous sommes au soir du 24 décembre, tout le monde est frigorifié. Dans cette histoire, le Père Noël s'appelle Marcel ; il est fatigué, il attend la retraite... Or ce soir-là, Marcel va faire la connaissance d'un petit livreur de pizzas. D'emblée une évidence s'impose : que ce soit sur un traîneau ou à l'aide d'un scooter, ils font le même métier ! Une belle histoire d'amitié où se télescopent mythes et réalité rires et larmes sur un fond de tendresse signée Merlot (Electre).