Depuis les élections de 1994, les effets de l'apartheid se dissipent lentement et les Noirs retrouvent peu à peu leur place dans la société. L'auteur, ancienne correspondante en Afrique du Sud pour Libération, a recueilli les espoirs et les angoisses de six Sud-Africains et l'analyse de Desmond Tutu et d'André Brink sur les changements en cours.

En 1985, Nelson Mandela, alors emprisonné depuis 23 ans, entreprit de vaincre les plus impitoyables partisans de l'apartheid. Il gagna d'abord sa liberté, puis la présidence du pays en 1994. Dans son grand désir de réunir l'Afrique du Sud il utilisa un stratagène peu commun et misa sur l'équipe de rugby les Springboks lors du tournoi de la coupe du monde en 1995, tenu en Afrique du Sud. Mandela estimait que le sport avait le potentiel nécessaire de rallier les Sud Africains de toutes races.

Nelson Mandela, figure mythique, fut un immense orateur. Aux antipodes de l'agilité politicienne, mais non sans habileté, loin des programmes de gouvernement, mais non sans vision, il a métamorphosé un pays. En commentant trois de ses discours, reproduits ici et remis en contexte, François-Xavier Fauvelle montre que la singularité de cet homme, son talent, son oeuvre, est d'avoir donné figure à une société en morceaux, en incarnant successivement le père, le prêtre, l'ancêtre de la nation. « Fascinés par le moment sud-africain de l'histoire et par la netteté de la volonté visionnaire et résolue d'un homme, nous avons raison d'admirer Mandela. C'est admirer la part irréductible de l'individu là où une parole créatrice transforme la société à laquelle elle s'adresse, la fait échapper au destin de la répétition. Mais admirons aussi la société qui a rencontré l'homme capable de secréter le verbe politique dont elle avait besoin. » C est en historien, spécialiste de l Afrique internationalement reconnu, que François-Xavier Fauvelle montre la parole politique en oeuvre et à l oeuvre.

Fondé sur les rencontres du journaliste avec Mandela et le témoignage de proches, un portrait de l'homme public et privé. Entrecoupé d'interviews et d'anecdotes, le récit, qui s'étale sur vingt années à partir de sa sortie de prison, est construit autour de huit chapitres qui sont autant d'épisodes auxquels l'auteur a assisté.