« Dès qu’elle m’a sentie venir, et tandis que je courais vers elle de toutes mes petites jambes de chair, mes bras minuscules tendus vers elle j’avais deux ans , elle a écarté ses vastes bras de pierre pour m’étreindre, m’accueillir, ne plus me lâcher ! Née trois siècles avant moi, elle m’attendait. Moi seule...»

Cette grosse maison familiale, mi-ferme, mi-château, plantée parmi ses grands arbres et ses prés du côté de Limoges, est à Madeleine Chapsal ce que le Combourg des "Mémoires d'Outre-tombe" fut à Chateaubriand : l'épicentre d'une vie, là où tout est né - premières émotions, apprentissages, découvertes de la pleine nature, tissage des liens avec les générations précédentes - et là où tout devrait finir - la place est déjà retenue au petit cimetière qui jouxte le domaine. Dans l'entre-deux de la vie, la maison est restée celle de tous les ressourcements, à ceci près qu'avec les années, elle qui abritait, recueillait, protégeait, a de plus en plus réclamé à son tour, soins et protection, amour en somme, comme pour une très vieille parente pleine de savoureuses recettes, de souvenirs inouïs, d'histoires intarissables. (Bibliotéca Magazine)