Monsieur Sié, alias Victor Segalen, Marianne Bourgeois le découvre en rangeant la bibliothèque que son père lui a laissée en héritage. Qu'espère-t-elle trouver dans la lecture fiévreuse de ses recueils ? L'étrange destinée d'un médecin ? " Qui était cet homme à l'écriture précise, aiguë, hautaine...? " Est-ce une coïncidence si son père a accumulé les livres de Segalen l'année où elle-même a soutenu sa thèse en médecine ? Elle ne sait ce qu'elle cherche, mais en fouillant le passé du singulier Monsieur Sié ou Xié, selon les graphies adaptées du chinois, elle nous livre une biographie passionnée et passionnante de " cet homme au col blanc cravaté sur toutes les photos, très soigné de sa personne, l'air strict, rasé de près, la moustache stylisée, les traits fins... " De la Bretagne à la Chine, de la médecine à l'archéologie, de l'archéologie à la poésie, Victor Segalen a fait un voyage étonnant. C'est dans ce voyage que nous entraîne Marianne Bourgeois.

Archéologie et poésie constituent les deux orientations majeures de l'œuvre de Victor Segalen. L'apport de l'archéologue, tant par la trouvaille que par l'analyse, est incontestable. En témoignent les importantes contributions sinologiques dont il s'acquitte au lendemain des Missions chinoises. Mais Segalen est-il seulement homme de science lorsqu'il parcourt les routes de Chine à la recherche des chimères et des licornes signalées par les traités anciens ? L'étude de Chine. La Grande Statuaire prouve qu'en réalité il ne se départ jamais de sa qualité de poète. Il s'agit de l'ouvrage où la tension entre ces deux pôles constitutifs de la création segalénienne est la plus aboutie: dans ces "chapitres de vision", il ne se contente pas de faire un remarquable ét at des lieux de la sculpture et des sites, mais il dévoile un aspect de sa sensibilité propre à éclairer l'ensemble de son œuvre.