Né en 1921, Friedrich Dürrenmatt est l'un des plus grands écrivains suisses du XXe siècle. Il passe toute sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et la philosophie. Il interrompt ses études en 1946 pour se consacrer à la littérature. Auteur de romans policiers (La Panne, Le Juge et son bourreau), de pièces de théâtre (La Visite de la vieille dame), son oeuvre comprend également des pièces radiophoniques, des essais et des conférences. Tout au long de sa vie, il partagera son temps entre ses deux grandes passions: l'écriture et la peinture. Friedrich Dürrenmatt est mort en 1990.

Nancy Huston est la conjointe du philosophe, linguiste et sémiologue français d'origine bulgare Tzvetan Todorov.

Jean-François Camparioest né en 1961. Agrégé de Lettres, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, il enseigne actuellement les Lettres en classe préparatoire, à Caen et s'intéresse plus particulièrement à la naissance de l'idée de modernité ainsi qu'aux rapports arts/littérature aux XIXe et XXe siècles.

Ce tournant de siècle est marqué par une lassitude foncière. Ontologique, dirait-on : la chronométrie intime, les contrats avec le temps qui déterminent si largement notre conscience indiquent la fin d'après-midi. Nous sommes des tard venus. Du moins avons-nous le sentiment de l'être. On nous dirait ployés vers la terre et vers la nuit, comme des plantes à la tombée du jour. Quel impact ces temps couverts ont-ils sur la grammaire – c'est-à-dire l'organisation articulée de la perception, de la réflexion et de l'expérience, la structure nerveuse de la conscience qu'elle communique avec elle-même et les autres ? Que deviennent les temps verbaux qui organisent notre présence au monde quand les sciences humaines et les arts, désenchantés par la glose, ne croient plus possible la création, mais que les sciences sont, elles, saisies par l'ivresse de la découverte des commencements, possible dans les temps à venir ? Faut-il vraiment désormais que du futur la pensée et les arts fassent table rase ? Au crépuscule des utopies – politiques, théologiques, philosophiques –, qui n'appartiennent plus à notre syntaxe, George Steiner a écrit le premier in memoriam pour les temps futurs. Du temps où la découverte des origines de la matière n'entendait pas encore tenir lieu de réflexion sur le néant, donc sur la création.

Un essai dialogué de l'auteur qui, rencontrant un fonctionnaire ignorant porteur d'un manuscrit, se demande si une oeuvre de qualité peut naître de la plume de quelqu'un qui n'a jamais rien lu.