"Pour décor l'entre deux-guerres : Paris, Berlin, Moscou; Caillaux, Tchitchérine, Litvinov, et l'ombre portée de Staline. Protagoniste : la narratrice, deutéragonistes ex-aequo : Raymond, professeur d'histoire en Sorbonne; Isaac, un diplomate soviétique et juif. Entre ces deux fidélités, entre cette " double piété" que diverses infidélités réciproques ne sauront jamais détruire, les trois héros cheminent vers un finale shakespearien en vérité : tout meurt, ou se suicide autour de Raymond, qui n'épouse Marthe que pour s'égarer puis se perdre dans la folie, cependant que la démence de Staline, déjà perceptible aux esprits lucides, assassinera Isaac (coupable notamment d'avoir aimé la narratrice). Ne serait-ce que pour la part qu'elle prit charnellement, voluptueusement, à l'histoire russe, Marthe Lebas nous intéresse. Au moment où la presse parisienne accuse Isaac d'avoir trempé lui-même dans l'affaire Koutiépov... Si je ne me trompe pas, l'auteur a dans les soixante-cinq ans. Dût-elle ne jamais écrire d'autre livre, je l'assure que, s'il y a une histoire future de la littérature française, son 'Mariage de Moscou' y a déjà sa place. in : Etiemble, René : Hygiène des lettres, vol. 5, Paris, Gallimard, 1952. p. 396-400