Jean-Luc Marion, historien de la philosophie moderne (en particulier de Descartes), suit la voie de la phénoménologie (Réduction et Donation, 1989, Etant donné, 1997, et De surcroît, 2001). Il enseigne à la Sorbonne (Paris IV) et à l'université de Chicago. Avec Le Phénomène érotique, il achève un projet qui remonte à L'Idole et la Distance (Grasset, 1977) et s'esquissait dans les Prolégomènes à la charité (La Différence, 1986).

Alors que la rupture entre le Moyen Âge et ce que l’on appellera le monde moderne se prépare souterrainement, le début du XVIIe siècle connaît une vague sans précédent de littérature pornographique. Michel Jeanneret a voulu comprendre pourquoi et reprendre un dossier qui lui semblait minimisé par les historiens. Il s’agit selon lui d’un authentique acte de rébellion politique contre le Trône et l’Autel. Rébellion par laquelle ce que nous appelons « littérature » va naître et dont par cette naissance elle sera la principale artisane.

Dans le roman libertin, né au XVIIIe siècle, illuminé par les plumes de Sade et de Casanova, l'art gastronomique fait une belle et franche irruption dans la littérature. Un rien gourmand, un brin libertin, Serge Safran brosse le portrait littéraire et gastronomique de ce siècle singulier, permissif et jouissif, qui lie allégrement érotisme et nourriture. Les vertus aphrodisiaques du chocolat, antidépresseur et euphorisant naturel ; le rapport de l'huître aux jolies femmes (établi par Casanova, développé en une variation sur l'érotisme ostréicole) ; le café, avec ses vertus stimulantes, ses lieux publics propices aux rencontres ; le tabac, entré en littérature par un coup d'éclat, à travers le Dom Juan de Molière, en guise d'idéal de sociabilité, de fervente initiation à un plaisir plus ou moins défendu ; le champagne, liqueur enchanteresse, menant aux plaisirs de l'alcôve, jusqu'aux truffes et aux vins, où la métaphore le dispute aux allusions salaces. Tout un menu libertin, contenant en lui-même ce qui a la réputation d'être favorable aux effets de l'amour. Frais, drôle et rafraîchissant, sans être une anthologie, L'Amour gourmand rend compte joliment des interférences entre la gastronomie et l'amour, combien l'un s'est servi de l'autre, et réciproquement. --Céline Darner

Les moeurs d'amour et l'érotisation sont aujourd'hui à ce point renouvelées et problématiques qu'elles peuvent servir de base à une éthique moderne. Que signifie s'érotiser, aimer, être masculin, préserver l'hétérogénéité de l'homme, de la femme et de l'enfant ? L'auteur, philosophe, parle ici à la première personne, au masculin, dans l'union intime de l'affect et du concept.