Les hasards de la diffusion clandestine ont coupé en deux ce récit, qui fut un des grands succès du samizdat. Le premier tome parvenu en Occident fut publié sous le titre le Vertige en 1967. Il provoqua immédiatement une émotion d'autant plus profonde que l'auteur, qui persistait à se dire communiste, énonçait des faits vécus sans aucune intention polémique. Elle racontait son arrestation, son procès et sa déportation. Epuisée par le travail et le froid, elle allait mourir lorsqu'elle fut sauvée par l'intervention d'un médecin...

Dans ce second tome, nous la retrouvons, en juin 1940, travaillant au centre qui recueille les petits enfants du Goulag, ceux qu'on a enlevés à leurs mères bagnardes. Car la sexualité existe aussi dans les camps et parfois même le grand amour. Evguénia Guinzbourg le rencontrera en la personne d'un médecin déporté et, désormais, une nouvelle espérance l'aidera à gravir ce "chemin escarpé" (c'est le titre russe du livre) qui, à travers des alternances de misère et de soulagement, la conduira vers la liberté, le bonheur, la sérénité. Par les témoignages, les portraits, les anecdotes qu'il contient, ce livre est un document coloré et bouleversant sur la vie au Goulag. Mais il est aussi l'histoire de la pitié, de la fraternité, de l'amour dans les camps, ce que seule une jeune femme pouvait nous donner : la preuve de la force immense que peut avoir, en plein enfer, la tendresse humaine.

Fille du célèbre écrivain et critique Korneï Tchoukovski. Femme de lettres, écrivain, critique spécialisée dans la littérature pour enfants. En 1938 son mari est arrêté et fusillé immédiatement. Tenue dans l’ignorance de sa mort, Lydia ne l’apprendra que des années plus tard. Elle-même échappe à l’arrestation en quittant Leningrad, puis elle restera sans travail. En 1939 elle écrit Sophia Petrovna, un roman traitant d’une citoyenne soviétique exemplaire dont la vie bascule à l’arrestation de son fils. Ce texte secret, écrit au péril de sa vie pendant les purges, restera un document unique sur l’année 1937. Sophia Petrovna et son roman La Plongée tiré de ses souvenirs de guerre n’ont été édités en Russie qu’à la fin des années 80. Ses lettres ouvertes aux journaux soviétiques, pour la défense d’intellectuels comme Soljénitsine et Sakharov, jamais publiées, mais diffusées en sous-main, lui ont valu une grande popularité et son exclusion de l’Union des écrivains soviétiques. in : http://www.arcadi.fr/artistesetoeuvres, le 21-10-2007