Sa vie, Margareth Buber-Neumann l'a racontée après avoir rencontré cette héroïne de notre temps à Ravensbrück, où Milena mourut le 17 mai 1944. Si son prénom et sa trajectoire appartiennent désormais à l'histoire, son œuvre a rarement été lue et entendue. Journaliste pendant vingt ans (de 1919 à 1939), elle a signé un grand nombre de chroniques et d'essais ici réunis. Elle s'y révèle un témoin d'une lucidité exceptionnelle, sensible à tout ce qui, dans « l'air du temps », rend la vie digne d'être vécue, malgré les menaces qui pèsent alors sur le siècle. Vivre est le livre d'un écrivain qui dévoile la fervente volonté d'une femme de s'inscrire dans l'Histoire.

Roman «Nous sommes toutes et tous des déracinés. A Ravensbrück. Ailleurs. [...] Ici, nous sommes devenus ce que nous devenions : matricules, outils, surplus. Démythifié, notre univers a basculé tout entier, et pour longtemps, dans la hantise de la mort mais bien plus encore dans une hantise indéterminée - comme la tienne, Kafka.» 1944. Camp de Ravensbrück. Milena Jesenská, à l'orée de la mort, se rappelle la vie «d'avant». Prague, la «petite mère», et le parfum de Bohème de l'entre-deux guerres. La jeunesse libre, l'engagement artistique, politique, mais surtout le grand amour platonique avec Franz Kafka, dont elle est la traductrice tchèque. Amour incomplet dans lequel les amants entravés se débattent, comme ils le font face au cours de l'histoire, avec la même impuissance que les personnages kafkaïens devant l'absurdité totalitaire.

C'est à Milena Jesenska qu'ont été adressées les lettres d'amour les plus belles, les plus tourmentées du début du XXe siècle. L'auteur en était Franz Kafka. Cinquante ans plus tard on découvrait les articles que Milena avait publiés dans différentes revues à Prague et à Vienne et on saluait son talent d'écrivain. Grâce au récit bouleversant de Margarete Buber-Neumann, on apprenait sa fin tragique dans un camp de Ravensbrück. Manquait une véritable biographie qui ferait revivre le destin exceptionnel de cette femme passionnée, à la recherche d'amitiés fortes et d'émotions artistique, et dont l'évolution politique témoigne d'une lucidité rare en son temps, de l'adhésion généreuse au parti communiste jusqu'au rejet dès 38 de toute pensée dogmatique. Elle sentait venir la catastrophe, mais ne put jamais se résoudre à quitter Prague. Maria Hockaday est journaliste à la BBC. (Biblioteca magazine)

Jana Cernà était encore jeune fille lorsqu'elle vit, en 1940, pour la dernière fois, sa mère, Milena Jesenskà, dans les couloirs de la prison de la Gestapo à Prague. Quatre ans plus tard, elle apprend sa mort. Par la suite, le nom de Milena ne cesse de hanter l'opinion publique. En Tchécoslovaquie, elle est déclarée Persona non -rata à cause de ses prises de position antistaliniennes exprimées dans les journaux de l'époque. Dans les pays de langue allemande, la publication des Lettres à Milena, de Kafka, porte un coup de projecteur sur sa vie privée. Jana Cernâ retrace la vie de sa mère à partir de ses propres souvenirs, de témoignages récoltés auprès d'amis et d'ennemis de Milena, de correspondances et d'articles. Elle nous révèle I' image fascinante d'une femme insolite et courageuse, pleine de contradiction et de désinvolture, qui jamais, ne serait-ce qu'un instant, n'a cessé de lutter pour que la vie ait un sens, et la sienne une authenticité.