Disponible sous forme électronique sur le site de la Digithèque de l’Université libre de Bruxelles : http://digistore.bib.ulb.ac.be/2010/i97828004124_2000_000_28_f.pdf

4ème de couv. : "Ah! la Bonne Femme», s'écrie naïvement Marmontel en sortant de chez Madame de Tencin. «Querelle de Bonnes Femmes», ironise Fontenelle à propos de quelque élection à l'Académie française. A leurs yeux, le terme n'est nullement péjoratif. Quelles sont donc ces «Bonnes Femmes» qui, au Siècle des lumières, surent régenter l'opinion publique, décider du succès d'un livre, d'un spectacle, d'une oeuvre d'art, protéger les écrivains et les artistes, inspirer les penseurs et les hommes politiques et étendre leur prestige à l'Europe entière? Issues, le plus souvent, de l'aristocratie ou de la haute bourgeoisie, elles s'imposent à eux par une exceptionnelle personnalité qui fascine encore les féministes d'aujourd'hui. Dans ces salons où l'on dit des riens en parlant de tout, et qui recèlent sans le savoir les passions les plus effrénées, les amours, les jalousies, les élans les plus généreux et les plus sordides ambitions, on s'amuse à critiquer les traditions et les institutions, on répand les idées nouvelles en matière de philosophie, de sciences, de politique, de religion. La Révolution se fait dans les esprits avant de passer dans les faits. "

Une consensuelle répartition des rôles de la vie intellectuelle conduit à réserver aux hommes une fonction conçue comme tribunicienne et quasi guerrière, les femmes s'attachant pour leur part à l'animation des salons et refusant l'idée d'immortalisation, sauf à l'étranger. Mais l'éventualité de coopter des académiciennes n'a jamais été franchement exclue. La revendication féministe, accompagnant une réflexion sur la place des femmes dans la cité, comme "les trois inventions du microphone, de la bombe atomique et de la pilule contraceptive " ont préparé l'inéluctable apothéose de Marguerite Yourcenar.

Mona Ozouf, directrice de recherche au C.N.R.S., a consacré l'essentiel de son oeuvre à la Révolution française, à l'histoire de l'Ecole et à l'idée républicaine. Elle est l'auteur notamment de La Fête révolutionnaire (1976), de L'Ecole de la France (1984) et, avec Jacques Ozouf, de La République des instituteurs (1992). Elle a aussi consacré un beau livre à l'oeuvre d'Henry James : La Muse démocratique (1998).

Des femmes en littérature se penche sur la place des femmes en tant qu'auteurs, du XVIIIe aux débuts du XXe siècle. Dès les premières pages, l auteur entraîne le lecteur dans les débats houleux qui caractérisèrent la réception des femmes dans le monde littéraire. La première moitié de l ouvrage oppose ainsi plaidoyers en faveur des "ouvrages de femmes" et discours plein d a priori de critiques littéraires. Dans une seconde partie, elle analyse, au travers d une dizaine d exemples, l apport des écrits de femmes à la littérature française : leur vision de la société, l originalité de leurs thèmes, mais aussi les causes qu elles défendent et les tabous qu elles explorent. Afin de donner un aperçu global de cette conquête du domaine littéraire, l'auteur enrichit son exposé de considérations sur l'histoire des femmes et des mouvements féministes, de développements sociologiques sur les rapports entre les sexes, etc. Des femmes en littérature est ainsi plus qu'une étude littéraire: elle retranscrit le combat de personnalités des XVIIIe et XIXe siècles pour simplement permettre aux femmes d être reconnues comme auteurs.