François Sentein raconte dans les Nouvelles minutes d'un libertin, publiées aux mêmes éditions, sa rencontre avec un improbable voleur de livres, en particulier d'éditions originales des classiques, surnommé Corneille. Avec Jean Genet, alias Corneille, se noue très vite une relation amicale, et Sentein discerne immédiatement les capacités littéraires d'un jeune malfrat qui n'a jusqu'alors rien publié. Il lira tout le premier théâtre, détruit depuis, de Genet, et assistera à la composition de Notre-Dame-des-Fleurs qu'il corrigera et ponctuera. Dans les quelques années qui précèdent sa gloire littéraire, Genet est comme l'on sait menacé de relégation, et c'est de prison qu'il s'adresse surtout à Sentein, seul à l'aider ou presque, prenant soin des moindres demandes d'un ami plutôt exigeant. Annotées par Claire Degans avec l'aide de François Sentein, ces lettres offrent pour la première fois une vision directe, et extrêmement émouvante, des débuts d'un des plus grands écrivains de notre siècle.

Philosophe et historien des idées, Didier Eribon est l'auteur d'une célèbre biographie de Michel Foucault (Flammarion, 1989, dix-sept traductions) et de Michel Foucault et ses contemporains (Fayard, 1994). Il est critique de philosophie et de sciences humaines au Nouvel Observateur, et codirige, avec Françoise Gaspard, le séminaire « Sociologie des homosexualités » de l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Ses Réflexions sur la question gay, publiées au printemps 1999, ont été saluées par la critique internationale comme une contribution théorique de toute première importance et sont en cours de traduction dans plusieurs pays.

Que reste-t-il de Jean Genet, dans l'homme qui accompagna les Noirs d'Amérique et les Palestiniens à travers leurs combats ? Une recherche approfondie éclaire les nombreux mystères qui entourèrent la dernière période de la vie de l'auteur de Journal du voleur et de Miracle de la rose.

Pendant 20 ans, l'auteur a cherché à vérifier les faits précis. Il a découvert un homme très différent du personnage légendaire, un homme que Genet s'est employé à masquer derrière ses livres.

Ce livre analyse l'utilisation de procédés cinématographiques dans l'oeuvre de Genet, replace son court-métrage dans une perspective plus large et décrit sa réception en France ainsi que dans le monde anglo-saxon. Par ailleurs, l'auteur y recherche les similitudes thématiques entre les oeuvres de l'auteur et son unique court-métrage. Esssentiel pour qui s'intéresse à Genet et plus généralement à tous ceux qui s'intéresset aux liens unissant cinéma et littérature

Les textes des interventions de Genet, ici rassemblées, témoignent d'un paradoxe : celui qui fut l'écrivain le plus solitaire fut aussi, durant les vingt dernières années de sa vie, l'un des plus présents sur la scène publique.

Poète romancier, dramaturge, Jean Genet a produit une oeuvre toute entière composée d'autofiction qui érige en vertu l'homosexualité, le vol et la trahison. Vingt-cinq ans après sa mort (en 1986), sa réputation est toujours celle d'un écrivain sulfureux dont les livres ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Genet est aujourd'hui considéré, avec Céline et Proust, comme l'un des plus grands auteurs français du XXe siècle dont l'oeuvre est extrêmement raffinée et cérébrale. L'oeuvre et la vie de Genet sont indissociables - sa vie nourrissant son oeuvre et son oeuvre réinventant sa vie. Né le 19 décembre 1910, Jean Genet est abandonné par sa mère à l'Assistance publique; elle lui laisse pour tout héritage un nom de fleur avec un prénom assorti. Accusé de vol à l'âge de dix ans, il effectue son premier séjour en prison à quinze ans à la Petite Roquette. C'est au " bagne d'enfants " de Mettray, en Touraine, où il demeure deux ans et demi qu'il connaît ses premières expériences homosexuelles. Aucun autre lieu ne marquera autant son existence et ne nourrira davantage son univers imaginaire que cet" enfer " où il dira avoir "paradoxalement été heureux ". Dès lors, sa vie est faite d'errance, de vols, de prostitution homosexuelle, de mendicité, de prison, d'engagement militaire, de désertion. 1942 est l'année charnière où le petit délinquant se mue en " grand écrivain "