Son indépendance reconquise, l'Algérie s'est trouvée face à un immense défi : construire une nation. Véritable laboratoire, elle n'a pas choisi la voie la plus simple. Questions identitaires, combats fratricides, luttes pour le pouvoir, apparition du fondamentalisme, ravages de l'économie planifiée, insurrection islamiste... Les Algériens ont beaucoup souffert, mais ils n'ont jamais cessé d'avancer.

L'Algérie coloniale s'est caractérisée par la coexistence de multiples temporalités. Afin de les resituer et de leur donner un sens, il convient de s'interroger d'abord sur la bonne échelle d'analyse de ces temporalités en reprenant, en particulier, la réflexion sur la place du groupe dans le monde colonial. Alors que la maîtrise du temps est au coeur du projet colonial, le maintien de temporalités distinctes est une évidence et interroge la construction même du monde colonial, chacun maintenant des temporalités propres, fondement d'un quant-à-soi identitaire.

Les fêtes triomphalistes organisées en 1930 pour le centenaire du débarquement français sont souvent considérées comme un tournant dans l'histoire coloniale algérienne. L'article revient sur l'événement, le situant dans un cadre chronologique plus large. Le centenaire s'avère ainsi comme le début d'une vague de fêtes semblables dans plusieurs villes algériennes qui formeront une arène pour les luttes politiques des années 1930.