Face à une Chine toujours moins encline au pluralisme, les velléités d'indépendance politique de Hong Kong et Taïwan sont porteuses de tensions futures.

Chan Ho-Tin, tout juste diplômé de l'Université polytechnique de Hongkong, prend place, ce 27 mars 2016, devant un pupitre rudimentaire chargé de micros. Un instant impressionné par les reporters en face de lui, le jeune militant annonce solennellement, en cantonais, la création du Hong Kong National Party (HKNP), dont la particularité est de réclamer ouvertement l'indépendance de Hongkong, actuellement région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine.

Issus du "mouvement des parapluies", de nouveaux partis prônent l'autodétermination, voire l'indépendance. Des thèmes propres à diviser une population toujours inquiète de la mainmise de Pékin.

On a assisté ces dernières années à Hong Kong, les jours de manifestations, à un curieux spectacle : celui donné par des jeunes gens brandissant le drapeau britannique, ainsi que le drapeau du Hong Kong colonial. Ce dernier porte un Union Jack miniature dans son coin supérieur gauche et, en bas à droite, un emblème en forme de bouclier où figurent un dragon et un lion. Autre drapeau bien fait pour attirer le regard : celui où figure le même emblème, mais sans l'Union Jack, avec en son centre l'inscription « Hong Kong » en caractères chinois.

Depuis le retour du territoire dans le giron chinois en 1997, le recul de la liberté d'expression et la « continentalisation » progressive de la presse sont devenus des sujets de préoccupation grandissants, l'emprise de Pékin s'exerçant toujours plus étroitement sur les médias hongkongais. La cooptation des patrons de médias et des responsables éditoriaux se poursuit à grand pas, tandis que les journalistes accèdent plus difficilement aux informations et pratiquent de plus en plus l'autocensure.

Depuis quelque temps, Hong Kong est en pleine agitation. La manifestation de 2003, lors de laquelle plus d'un demi-million de personnes ont défilé, avec succès, contre la loi antisubversion prévue par l'article 23 de la Loi fondamentale, tout comme, en 2012, la marche de 130 000 personnes et la menace d'une grève générale des étudiants qui ont forcé le gouvernement à retirer son projet d'éducation patriotique dans les écoles de Hong Kong, ont montré que Pékin ne peut réprimer les voix dissidentes à Hong Kong comme il le fait en Chine continentale.

L'ancienne colonie britannique revenue à la Chine en 1997 a eu des espoirs d'évolution démocratique. La période de statu quo touche à sa fin.

Le mouvement Occupy Central aura marqué un tournant dans le destin de l'ancienne colonie britannique. Une génération qui jusque-là ignorait tout de la politique a endossé les espoirs d'un véritable scrutin universel à Hong Kong. Les droits déniés par Pékin et réclamés par les démocrates sont maintenant l'affaire d'une société civile réinventée. Un dialogue pourrait s'amorcer.

Alors que le gouvernement hongkongais refuse de négocier avec les étudiants, ceux-ci adressent une lettre ouverte au président Xi Jinping.