En s'attachant au sort du petit rat de l'opéra qui servit de modèle à la petite danseuse de quatorze ans d'Edgar Degas, Camille Laurens met à nu les préjugés, les moeurs et les sous-entendus esthétiques d'une époque.

Le 27 septembre 1917 disparaissait Edgar Degas. Sa sculpture la plus célèbre, "la Petite Danseuse de 14 ans", fascine depuis toujours la romancière Camille Laurens. Elle consacre un livre magnifique à ce petit rat de l'opéra, Marie, que la postérité a oubliée, dont la littérature se souviendra.

Nouvelle jurée Goncourt, l'écrivaine publie "Fille", roman engagé et féministe. L'occasion de revenir sur son parcours, l'après-Matzneff et le sexisme dans l'édition.

Tout l'été, "L'Obs" tire de ses archives de grands dialogues sur l'amour, ses miracles et ses mirages. En 2003, le philosophe du "Phénomène érotique", Jean-Luc Marion, interrogeait la romancière Camille Laurens, qui venait de publier "L'Amour, roman". Et réciproquement.

Le livre de l'année 2020. C'est l'histoire d'un mot. Ou plutôt, les histoires qui peuvent découler de celui-ci. Et c'est particulièrement évident lorsqu'il devient, comme une clé, un manifeste, le titre d'un roman: "Fille".

Il y a chez Camille Laurens un panache assez irrésistible lorsqu'elle écrit sur les hommes - c'est-à-dire dans tous ses livres. L'auteure ne fait pas de manières, et son prestigieux volume d'oeuvres choisies publié par Gallimard en 2023, elle l'a baptisé de façon éloquente : "Inventer le désir". Un manifeste à rebours de notre époque, beaucoup plus attentive à ce que la femme "veut bien" qu'à ce qu'elle veut tout court... Or justement, Camille Laurens a l'art de dire que le désir est tout sauf une affaire passive. Qu'il faut l'inventer, oui, avec de l'imagination et surtout de la volonté.

Comment peut-on ne pas être garçon ? Réponses avec "Fille" et "La Petite Dernière", les beaux romans de Camille Laurens et de Fatima Daas. Quand la parole se libère... dans la mouvance de #MeToo et du mariage pour tous.