Comment l'autobiographie est-elle possible ? Il suffit de prendre sa plume et de commencer le récit de sa vie, en espérant trouver le temps pour l'achever. Mais le temps, qui apparaît d'abord comme limite extérieure, devient bientôt contrainte. Car si l'écriture prend du temps, elle le donne aussi : voici l'autobiographie commencée, à ne plus jamais en finir ; dans l'attente du dernier mot, l'auteur s'érige un tombeau, à l'épitaphe toute prête. « Je suis née à la pointe d'une plume », écrit Violette Leduc au début de "La Bâtarde". Écrire engendre l'auteur, mais à titre de personnage. Le temps, dès lors, apparaît aussi comme cet écart qui divise le sujet dans l'écriture, et le transforme en objet, mort déjà avant l'heure, sauf à le ressaisir dans ses seules traces graphiques. La double démarche engagée dans ce livre reflète la duplicité de l'autobiographie : genre constitué à la fois d'un corpus de textes - ici ceux de Violette Leduc - et d'un discours qui met en question leur possibilité comme récits, mais du même geste fonde l'autobiographie comme écriture.

Cette biographie consacrée à Violette Leduc (1907-1972), auteur notamment de "La bâtarde" et "La folie en tête", retrace l'histoire de cette figure littéraire hors du commun, surnommée le Genet ou le Miller féminin. Elle se propose de faire découvrir à la fois le panorama littéraire de la France des années 30 jusqu'aux années 60 et l'itinéraire d'une femme qui brûla sa vie dans l'écriture. Tout public. (Livres hebdo : livres du mois, 3, 1999)

Au XXe siècle, trois écrivains français ont subi l'opprobre pour avoir célébré des amours différentes : Violette Leduc, Nicolas Genka et Jean Sénac. Françoise d'Eaubonne, qui a côtoyé ces auteurs à Saint-Germain-des-Prés, démonte les mécanismes de la censure et fait découvrir la beauté littéraire de ces trois artistes.