Charles-Joseph de Ligne (1735-1814) est le représentant par excellence d'une conception du monde et d'un mode d'existence absolument européens. Né dans le Hainaut, alors sous domination autrichienne, et descendant d'une très ancienne famille wallonne, le prince de Ligne s'est longtemps partagé entre son château de Belœil, non loin de Bruxelles, de longs séjours à Versailles, où il était un intime de Marie-Antoinette, et de nombreux passages à Vienne, où il fréquentait l'impératrice Marie-Thérèse et où, à partir de 1794, il se fixe définitivement. Épris d'amour et de séductions, grand lettré, hédoniste et homme de guerre, il était trop adonné à la dispersion de la mondanité pour se dédier exclusivement à la littérature. Écrire fut cependant, tout au long de sa vie, une de ses occupations favorites et il y faisait preuve d'un talent remarquable auquel Mme de Staël, lorsqu'elle se rendit à Vienne, fut sensible. C'est pourquoi elle entreprit une édition de ses écrits, qui parut en 1809 avec beaucoup de succès, et que nous reprenons ici, pour l'essentiel, en lui ajoutant d'autres pensées et portraits, en particulier celui de Casanova, dont le prince fut l'ami et le confident en matière de libertinage comme d'écriture. Dans leur diversité ces textes sont également étonnants par leur originalité, leur naturel, leur intelligence : un mélange d'acuité et de désinvolture.

Né en 1735 à Bruxelles et mort à Vienne en 1814, le prince de Ligne est "le charmeur", "l'enchanteur" de l'Europe. Aristocrate jusqu'au bout des ongles, raffiné, plein d'esprit, grand voyageur, grand amateur de fêtes et de femmes, il cultivera toute sa vie l'élégance, l'intelligence, l'humour, le plaisir. Sceptique, sans illusions sur l'homme ni sur son époque, il s'en fera l'observateur "désabusé mais non cynique, lucide sans amertume, résigné à voir la vie comme un jeu dont il faut rester le spectateur, sinon toujours le maître" (R. Mortier). Se décrivant lui-même comme "demi-Germain, Batave, Belge, Tudesque et barbare", Charles-Joseph de Ligne est une sorte d'Européen avant la lettre qui avait, disait-il, six ou sept patries et dont les racines les plus intimes étaient à Beloeil, mais aussi à Paris, à Vienne ou à Moscou. Il passera un tiers de sa vie à voyager, deviendra le familier de Catherine de Russie et de toute la cour de Versailles comme de Charles de Lorraine qui l'accueille aujourd'hui encore une fois dans son palais de Bruxelles... mais profitera aussi de ses voyages pour s'intéresser, en général avec sympathie, à tous les peuples qu'il rencontre et spécialement à des groupes minoritaires comme les juifs ou les tziganes, et toujours à leurs femmes… Notice biographique disponible sur le site de la Bibliothèque Royale de Belgique : http://www.kbr.be/actualites/expos/dossiers/175/ligne/ligne_fr.html

Les correspondances russes de Charles-Joseph de Ligne réunies en 59 chapitres et couvrant plusieurs décennies, mettent en lumière ses goûts pour les amours, l'amitié, les armes et la plume. Il met le lecteur au coeur des intrigues diplomatiques secrètes, des aventures galantes, des exploits militaires et des échanges littéraires.