Née des œuvres incestueuses d'Œdipe et de Jocaste, Antigone bravera les ordres de Créon pour inhumer son frère, Polynice. Elle sera enterrée vive. Pamphlet contre la loi humaine et pour la loi divine ou, au contraire, apologie de la raison d'État : les générations se sont succédé, incapables de trancher. Au fil des pages, l'on découvre, cependant, que la loi divine invoquée par Antigone - enterrer les morts - n'est pas moins humaine, et que défendre l'État est aussi une loi divine, tandis que la pièce met en scène l'affrontement de deux amours : celui d'une sœur pour son frère et celui d'un homme pour la cité et son pouvoir. Les hésitations du chœur sont là pour souligner les incertitudes ou les ambiguïtés du devoir que dictent et l'amour et le droit. Cette pluralité des sens et cette irréductibilité des interprétations - d'Eschyle et Sophocle à Anouilh et Cocteau, en passant par Garnier, Racine, Alfieri, Marmontel, Hegel, Hölderlin - sont partie intégrante de la culture occidentale. Le conflit Antigone-Créon est désormais, semble-t-il, une dimension a priori de la conscience intellectuelle et politique de nos démocraties. Comment expliquer autrement que ces légendes grecques antiques continuent à inspirer et à déterminer tant de nos réflexes culturels les plus fondamentaux ?

Reflet de cette figure complexe, la littérature occidentale nous offre depuis Sophocle une multitude de versions, traductions et interprétations, penchant tour à tour pour une version chrétienne, politique, féministe, psychanalytique. Prêtresse de l'amour pur, mais d'un amour extrême, presque absurde, Antigone est aussi la figure de la démesure et de la transgression. Public motivé. Niveau universitaire. (Livres hebdo : livres du mois, 9, 1999)

Jean bergeret est Psychiatre, psychanalyste, professeur émérite de psychologie à l'université Louis Lumière Lyon 2.

Un travail de recherche sur l'inspiration et les sources de Tolkien qui montre comment Le seigneur des anneaux s'appuie sur une très ancienne tradition de contes qui sous-tend la culture occidentale. Il démontre aussi que Tolkien, à partir de ses mythes et de ses légendes primitives, a créé sa propre mythologie du XXe siècle.

L'oeuvre de Pierre Albouy est parue en 1969, à un moment où les sciences humaines intéressaient vraiment, et un large public. Où la question du mythe, via l'histoire, l'anthropologie, la philosophie, via aussi le structuralisme, était à Tordre du jour. Où les études littéraires s'ouvraient et se penchaient sur les résultats que d'autres disciplines avaient mis au jour, pour en tirer le fruit sur leur propre terrain. Dès lors, l'engagement d'une telle entreprise n'exigeait pas nécessairement de son auteur quelque chose comme une rigueur morose, mais cette curiosité et cette ouverture propres à l'époque, un certain sens de l'inachèvement, de la proposition, de l'expérimentation ou, mieux encore, un goût de l'essai. Ce livre n'est donc ni un manuel ni une synthèse, et c'est fort bien ainsi. Dans Mythes et mythologies, il n'y avait rien de vraiment contraignant ni de tout à fait terminé, mais les premières lignes d'un travail à poursuivre, et qui demandait que la communauté des chercheurs en littérature s'en empare. C'est ce qui fut fait. Non que cet ouvrage particulier ait été le seul initiateur de la « mythocritique », mais il s'est trouvé au centre de ce travail de lecture critique à partir de la notion de mythe : à la fois déclencheur et cristalliseur, premier pas didactique et fécond en applications et en transformations futures. Pierre Albouy a été professeur à l'université de Montpellier, puis à la Sorbonne, a écrit La Création mythologique chez Victor Hugo (José Corti, 1963). Il a publié dans la Bibliothèque de la Pléiade les Œuvres poétiques de Victor Hugo. Pierre Brunel, professeur de littérature comparée à l'université de Paris-Sorbonne (Paris-IV), membre de l'Institut universitaire de France.

Les silènes (du nom d'un satyre compagnon de Bacchus) étaient de petites figurines fendues en leur milieu, que l'on pouvait donc ouvrir en deux parties : fermées, elles représentaient un joueur de flûte grotesque; ouvertes, elles montraient la figure d'une divinité. C'est cette image que le jeune Alcibiade (à la fin du Banquet de Platon) utilise pour faire l'éloge de l'amour

Parce qu'elle invite au déchiffrement des ressemblances et des différences, la notion de " fratrie " pourrait apparaître comme un des symboles privilégiés de la démarche comparatiste. Les diverses constellations fraternelles offrent à l'imaginaire un très vaste champ de possibles: de la complicité extrême (pouvant aller jusqu'au désir ou à la nostalgie d'une fusion - gémellaire, incestueuse, etc.) à la haine la plus farouche (pouvant aller jusqu'au crime, en vertu des modèles antiques ou bibliques), en passant par les degrés les plus divers de la rivalité, la fratrie (qu'elle soit bicéphale ou polycéphale, masculine, féminine ou mixte), obéit à des lois qui lui sont propres, et chaque mise en fiction particulière lui prête une fonction et une valeur spécifiques

Roberto Calasso est né à Florence et vit à Milan, où il dirige les Editions Adelphi. Ont déjà paru aux Editions Gallimard Les noces de Cadmos et Harmonie, La ruine de Kasch, Ka (qui sont les trois premiers volets d'une œuvre en cours), Les quarante-neuf degrés et Le fou impur.

Ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de Lettres classiques, Pierre Brunel s'est spécialisé dans le domaine de la littérature comparée. Professeur à l'Université de Paris IV-Sorbonne depuis 1970, il y a dirigé le Département de Littérature Française et Comparée de 1982 à 1989, et il est l'actuel Directeur des Cours de Civilisation Française de la Sorbonne. Il a fondé le Centre de recherche en Littérature Comparée (CRLC) en 1981 et le dirige depuis cette date. Il dirige la collection « La Salamandre » à l'Imprimerie Nationale (une cinquantaine de volumes parus). Aux Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, il a fondé la collection « Nouvelles Recherches en Littérature comparée ».

Donne des clés de lecture et de compréhension de cette oeuvre en révélant quelques-uns de ses mythes fondateurs.

La première partie s'ouvre sur des définitions et sur le constat que le nombre de jumeaux augmente et présente la perception particulière qu'ont toutes les cultures de la gemellité. La deuxième partie explique comment réagir face à l'arrivée de jumeaux dans une famille et renseigne sur toutes sortes de questions : faut-il dissocier les jumeaux dans leur éducation ? La grossesse est-elle à risque ?