Agé de 22 ans, Starobinski écrivait pour la rubrique poésie de la revue Suisse contemporaine. Il présente dans ces chroniques les grandes oeuvres de la poésie de guerre : Aragon, Pierre Emmanuel, Pierre Jean Jouve, Eluard... Ces textes sont les témoins d'un épisode essentiel de l'histoire littéraire.

Annoncée par les romantiques, la modernité poétique se présente comme une série d'expériences allant de Baudelaire à Apollinaire. L'auteur examine ces expériences sur le fond d'une histoire des formes poétiques, dans laquelle les institutions de la vie littéraire (revues, groupes, lieux de sociabilité, etc.) ont leur place autant que les singularités de langage et de vision du monde.

Quand elle n'est pas pacifique, ce qui lui arrive rarement, la poésie française consacrée à la guerre entre 1914 et 1918 est patriotique, belliqueuse, germanophobe, mensongère, scolaire. C'est là tout ce qui a été retenu d'elle par l'histoire, cela peut se comprendre et, pour l'essentiel, cela n'est pas faux. Le présent essai revient sur ce corpus méconnu et désormais malaimé tant il est dévoré par la guerre. Il propose une vue synthétique des événements et une lecture serrée d'oeuvres poétiques qui, pour être mobilisées et par conséquent en guerre , n'en sont pas moins absolument modernes. Leurs auteurs ? Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, Pierre Drieu la Rochelle, Paul Éluard, mais aussi André Breton, Blaise Cendrars et Philippe Soupault. Chacun aura cherché une forme capable de dire cette guerre inouïe, jamais vue, qui défie au propre comme au figuré cette bien nommée folle du logis, l'imagination, pour tenter de dire ce que deviennent, au coeur de l'horrible, le temps, l'amour, la pensée, l'espérance. Toute la lyre va au front et fait en sorte que les outrances de la Grande Guerre passent à la littérature avec audace et inventivité, mais aussi avec sensibilité et humanité.

Sélection de poèmes de la Résistance suivis d'un dossier proposant une réflexion sur la littérature engagée à partir de textes de Missak Manouchian, Louis Aragon, Jorge Semprun et Benjamin Péret.