Organiser une élection dans un pays martyrisé par Boko Haram, une folie ? Pas pour Goodluck Jonathan, le président sortant, dont le bilan sécuritaire et économique est tout sauf reluisant. Le 14 février 2015, paradoxalement, le chaos dans le Nord pourrait jouer en sa faveur.

Au terme d'une élection pacifique, Goodluck Jonathan s'est incliné de bonne grâce. Son successeur, Muhammadu Buhari, aura fort à faire pour redresser le pays, touché par la chute des cours du pétrole, miné par la corruption et menacé par Boko Haram.

Wole Soyinka, Chimamanda Adichie, Ben Okri, Ukamaka Olisakwe... Nombreux sont les auteurs nigérians à avoir tiré la sonnette d'alarme. L'année 2015 débute sous de sinistres auspices dans leur pays. Alors que la secte islamiste Boko Haram étend son règne de terreur dans le Nord, les tensions religieuses et ethniques sont extrêmes. Sur le plan économique, la chute des prix du pétrole a contraint le gouvernement de Goodluck Jonathan à revoir à la baisse ses prévisions de croissance. Le 14 février 2015, les Nigérians éliront un nouveau président. L'espoir peut-il sortir de ce scrutin ?

Dans une élection à l'issue plus qu'incertaine, le président Goodluck Jonathan (57 ans), affronte le 28 mars 2015 Muhammadu Buhari (72 ans). Dans un pays où Boko Haram fait régner la terreur, la tenue de ce scrutin est déjà une victoire.

Avec l'élection de Muhammadu Buhari, l'espoir est de retour : la première puissance économique et démographique d'Afrique a, contre toute attente, administré une leçon de liberté.

Musulman, l'ancien général Muhammadu Buhari est réputé intègre et homme à poigne... Tout le contraire du président sortant, qu'il affrontera dans les urnes sous la bannière du principal parti d'opposition.